Construire une ville pour 10 000 personnes en respectant l'environnement, trouver comment nourrir 9 milliards de personnes d'ici 2050 ou de gérer durablement les ressources de nos océans: ces thèmes dignes de sommets des Nations unies sont désormais en bonne place à l'école, au collège et au lycée en France.

«Ce sont des sujets qui rentrent aussi bien dans les sommets de l'ONU que dans les programmes d'enseignement parce que ce sont des questions essentielles du monde contemporain», souligne à l'AFP Jean-Michel Valantin, conseiller pour le développement durable (DD) au ministère de l'Éducation nationale en France.

L'éducation à l'environnement et au développement durable (EEDD) a été lancée en 2004 en France. Depuis l'an dernier, une grande partie du programme de géographie et sciences et vie de la Terre des collèges y est consacrée. En seconde au lycée tout le programme de géographie (plus de 44 heures sur l'année) traite des thèmes comme les déséquilibres à venir en matière de démographie, sécurité alimentaire, développement urbain et gestion des ressources.

Les outils pédagogiques pour les enseignants évoluent avec les technologies de communication. Des expositions photo aux jeux vidéo en passant par les extraits de conférences internationales ou des vidéos de témoignages concrets, il n'y a que l'embarras du choix.

«Nous, au lycée agricole, on fait maintenant du compost avec nos déchets qui sert ensuite aux maraîchers près d'ici, et on a un projet de faire nos yaourts et planter nos légumes pour notre cantine», explique Toinon, élève du lycée du Paraclet près d'Amiens dans une vidéo disponible sur le site du pôle national de compétence en matière d'EEDD.

Ce pôle basé à Amiens, véritable mine d'or de ressources pédagogiques aux contenus scientifiques validés, recense entre autres tous les textes réglementaires sur le DD.

Ludique

«Ce dont les enseignants ont surtout besoin, c'est du ludique», précise Florence Clément, chargée de l'information à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

En partenariat ou avec le soutien de l'Éducation nationale, des ministères de l'Écologie et de l'Agriculture, nombre d'associations et organismes spécialisés multiplient les outils pour capter l'attention des élèves.

Le jeu vidéo Ecoville, promu par l'Ademe, vise à «construire une ville durable avec un cahier des charges imposé par la mairie et dans un temps imparti», explique Mme Clément. «La première fois, les élèves échouent toujours parce qu'ils font ce qu'on a l'habitude de faire, à savoir créer des tours pour y mettre rapidement le nombre d'habitants fixés par le cahier des charges.»

Ils n'ont évidemment pas assuré la capacité énergétique suffisante pour une population brusquement accrue, ont omis le problème de la gestion des déchets et ignoré la solution des bâtiments moins énergivores. Après examen des erreurs, la deuxième tentative tient souvent mieux compte de ces contraintes.

«C'est en formant les enfants qui seront les ingénieurs, architectes ou avocats de demain qu'on va changer les choses», souligne Géraldine Poivert, présidente d'Ecofolio, éco-organisme du papier (collecte, tri et recyclage) et qui a formé plus de 100 000 enfants, notamment par des partenariats avec les rectorats de Corse et Montpellier.

Le réseau-École et nature avec éco-emballages, promeut des écoparlements des jeunes, initiative soutenue, parmi de nombreuses autres, par le ministère de l'Écologie dans le cadre des activités extrascolaires.

«Pour intéresser les jeunes, il faut qu'il y ait eu un déclic positif», selon Florence Clément citant une étude récente de l'Ademe, car «beaucoup d'adolescents ne veulent pas porter la responsabilité des erreurs de la génération précédente en matière d'environnement.»