Les catastrophes naturelles liées au changement climatique infligeront les pertes les plus lourdes aux pays vulnérables, dont les gouvernements n'auront pas su ou pu mettre leurs populations à l'abri, prévient l'ONU dans un rapport publié jeudi.

«Les risques naturels ne sont pas équitablement répartis», souligne cette étude présentée en marge des négociations à Bonn sur un nouvel accord mondial contre le réchauffement, qui doit être conclu en décembre à Copenhague.De 1990 à 2007, les pertes humaines et matérielles liées aux catastrophes climatiques ont déjà augmenté de façon importante, les inondations en étant la première cause, insiste le rapport, «Risk and Poverty in a Changing Climate» (Risques et Pauvreté face à un climat qui change), documenté par l'agence de Stratégie internationale de réduction des risques naturels de l'ONU.

Les pays en développement fortement peuplés, tels la Chine, l'Inde, le Bangladesh et l'Indonésie, ont enregistré le nombre le plus élevé de victimes en valeur absolue, mais, en proportion, les populations de la Dominique, de Vanuatu et de la Birmanie ont été les plus affectées.

Les petits États insulaires, comme les pays enclavés les plus pauvres - deux catégories qui représentent à elles seules les deux tiers des pays classés comme «hautement vulnérables» - subissent parfois les conséquences des ravages infligés à leurs économies pendant des années, selon le rapport.

«Ces pays sont de plus en exposés mais leurs institutions sont relativement faibles. Alors qu'ils essaient de renforcer leur capacité à réduire les risques, ceux-ci ne cessent d'augmenter», soulignent les auteurs.

Selon les scientifiques du groupe d'experts sur le climat, mandaté par l'ONU (GIEC), les tempêtes et événements extrêmes, comme les sécheresses et les inondations, devraient se multiplier d'ici à la fin du siècle avec la hausse du thermomètre mondial.

Cependant, l'exposition au risque ne dépend pas seulement du temps qu'il fait mais aussi de la façon dont les gouvernements se sont préparés à affronter la menace, a fait valoir l'un des auteurs du rapport, Andrew Maskrey, au cours d'une conférence de presse.

Les migrations urbaines exposent notamment les nouveaux arrivants aux risques d'inondation et de cyclone s'ils sont installés dans des structures fragiles et sans système d'évacuation, explique-t-il.

Citant l'exemple du Japon et des Philippines, il rappelle que le premier compte 22,5 millions d'habitants exposés aux cyclones et les secondes 16 millions. Mais chaque année, au moment du passage des cyclones, le nombre des victimes aux Philippines est 17 fois supérieur.

Toutefois, plus encore que les grandes catastrophes qui retiennent l'attention internationale c'est la multiplication des désastres locaux liés au climat qui l'inquiète : «Leur nombre a doublé depuis les années 80 et le nombre des habitations dévastées a été multiplié par cinq».

«C'est le type de situations qui n'apparaît pas sur l'écran du radar, que vous ne remarquez pas quand vous êtes absorbés par les effets de Katrina (l'ouragan qui a ravagé la Nouvelle Orléans en 2006) ou du cyclone Nargis (en Birmanie il y a un an). Mais c'est ce qui se passe exactement sur le terrain», conclut-il.