La plus importante quantité d'un mélange uranium-plutonium jamais transportée pourrait quitter Cherbourg pour le Japon dimanche matin, a mis en garde vendredi Greenpeace, qui dénonce la haute dangerosité et vulnérabilité de ces combustibles radioactifs sur les mers.

Il s'agit de la plus importante cargaison de matière fissile jamais transportée, soit un stock deux fois plus important qu'habituellement depuis 20 ans, explique Greenpeace dans un communiqué. Ce déplacement fait partie d'un programme de coopération entre la France et le Japon, pour développer l'électronucléaire japonais.

Les deux bateaux britanniques, chargés de transporter le MOX, ce combustible résiduel, sont partis de leur port d'attache de Barrow au Royaume-Uni vendredi midi, selon Greenpeace, qui ajoute que le ôôPacific Pintail» et le «Pacific Heron», deux navires spécialisés dans le transport des matières nucléaires, ont ensuite besoin de 38 heures pour rejoindre Cherbourg.

En plus de deux mois, 1,8 tonne de plutonium ont transité par voie maritime, soit une quantité permettant de fabriquer 225 bombes nucléaires, précise Greenpeace. Le risque serait le détournement de ces MOX ou leur utilisation à des fins militaires ou encore leur dispersion, ce qui entraînerait des cancers mortels, d'après Greenpeace.

L'organisation de ce transport sensible entre l'Europe et le Japon prévoit des dispositifs de protection conséquents, affirme Areva, sur son site internet, pour éviter les vols ou le sabotage. Les deux navires sont armés et naviguent de conserve. Une équipe d'experts maritimes et nucléaires parfaitement entraînés et équipés est prête à intervenir 24 h/24, comme le préconise l'AIEA, Agence Internationale de l'Energie Atomique.

Ne disposant pas des installations industrielles adéquates, le Japon a signé des contrats commerciaux avec AREVA NC en France et BNFL au Royaume-Uni pour le traitement-recyclage de ses combustibles usés. Le plutonium, récupéré lors de ce traitement, est, en raison de ses importantes qualités énergétiques, réutilisé dans des réacteurs sous forme de combustible MOX.

Le partenariat énergétique franco-japonais prévoit que d'ici à 2010, 16 à 18 réacteurs japonais fonctionneront avec du MOX. Le Japon, dépourvu de ressources naturelles, a de très importants besoins énergétiques.

Le combustible MOX, un composant nucléaire classique, est constitué d'un mélange d'uranium et de plutonium. La teneur en plutonium varie de 3 à 10 % selon le type de combustible. Depuis les années 60, il est utilisé dans plusieurs pays. On compte aujourd'hui plus de 30 réacteurs au combustible MOX en Europe, peut-on lire sur le site d'Areva.