Sherbrooke renonce à l'idée de bannir les sacs de plastique sur son territoire. La deuxième édition de la Journée sans sac de plastique, prévue cet automne, n'aura également pas lieu, la sensibilisation ayant déjà porté ses fruits.

«Les citoyens et les entreprises embarquent d'eux-mêmes», explique le président du comité de développement durable (CDD) de la Ville de Sherbrooke et président du centre régional de tri, Jean-François Rouleau.Depuis l'automne dernier, moment où la Ville de Sherbrooke a intensifié ses efforts de sensibilisation contre les sacs de plastique, la quantité de sacs acheminés au centre de tri a chuté de façon importante. La diminution équivaut à près de cinq tonnes par mois, indique M. Rouleau.

«On voit énormément de gens qui ont déjà leurs sacs réutilisables. C'est tout à fait extraordinaire de voir les Sherbrookois participer comme ça!» se réjouit le président du CDD.

M. Rouleau rappelle que le supermarché Maxi & Cie du boulevard de Portland est devenu, en février, le premier de la chaîne au Québec à ne plus distribuer de sacs de plastique. D'autres commerces font aussi des efforts pour réduire l'utilisation de tels sacs, ajoute-t-il.

En octobre dernier, plus d'une vingtaine de marchés d'alimentation de Sherbrooke avaient pris part à la première Journée sans sac de plastique, une initiative municipale ayant par la suite été imitée par Rimouski.

Sherbrooke avait prévu une deuxième phase de son activité de sensibilisation, qui devait s'étendre sur plusieurs jours et rallier plus de commerces. Tous les types de commerces ayant recours aux sacs de plastique étaient pressentis pour y participer. Cette activité devait avoir lieu cet automne et aurait pu être étendue à toutes les MRC de l'Estrie, indiquait-on il y a six mois.

Compte tenu de la participation des citoyens, le comité de développement durable juge désormais qu'il peut s'attaquer dès maintenant à d'autres priorités, notamment la consolidation de la collecte des matières compostables, la récupération des piles usées et les gaz à effet de serre.

C'est pour cette même raison qu'une législation bannissant les sacs de plastique sur tout le territoire de Sherbrooke est maintenant «exclue pour le moment», mentionne Jean-François Rouleau. En janvier, ce dernier s'était montré ouvert à une telle législation, mais souhaitait d'abord miser sur la «participation citoyenne». Il estime aujourd'hui que les citoyens préfèrent avoir le choix d'utiliser ou non les sacs de plastique plutôt que d'y être obligés par une réglementation.

Depuis le 1er janvier, la municipalité de Huntingdon, au sud-ouest de Montréal, s'est dotée d'une politique visant à contrer la prolifération des sacs de plastique. Un règlement oblige maintenant les marchands à utiliser des sacs biodégradables et incite les citoyens à se munir de sacs réutilisables.

Dans cette municipalité de 3000 habitants dirigée par le maire Stéphane Gendron, les sacs de plastique provenaient essentiellement de deux épiceries et d'une pharmacie. En comparaison, Sherbrooke compte près de 150 000 habitants et plusieurs centaines de commerces de détail, si bien qu'un règlement similaire serait beaucoup plus difficile à faire respecter.