Le gouvernement du Québec a suspendu son évaluation du projet de pipeline Énergie Est, hier, après avoir reçu une demande officielle de la société TransCanada.

Le ministre de l'Environnement, David Heurtel, a confirmé à La Presse que la société albertaine avait demandé à son gouvernement de suspendre pour 30 jours l'étude du projet de 16 milliards.

Cette requête survient une semaine après que TransCanada eut demandé à l'Office national de l'énergie (ONE) de suspendre son évaluation d'Énergie Est.

« On comprend que c'est lié à la demande qui a été faite à l'ONE, a expliqué M. Heurtel en marge d'une réunion du caucus libéral à Val-d'Or. Alors ils nous demandent de suspendre notre étude, notre analyse de l'étude d'impact pour 30 jours, pour la même période. »

TransCanada a toujours soutenu que c'était le gouvernement fédéral qui était habilité à évaluer le projet d'oléoduc, qui doit relier l'Alberta au Nouveau-Brunswick. Québec s'est adressé aux tribunaux pour la forcer à se soumettre à une évaluation provinciale sous l'égide du Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

L'entreprise a finalement accepté de se plier à ce processus en avril 2016. Elle a déposé quelques semaines plus tard une étude d'impact dont Québec doit se déclarer satisfait avant de démarrer l'examen du BAPE. Or, TransCanada n'avait pas encore répondu à toutes les questions du gouvernement, bien que le processus ait été « très avancé », selon M. Heurtel.

Ce délai important s'explique entre autres par l'ampleur du projet, d'une longueur de 4500 kilomètres et devant transporter 1,1 million de barils de pétrole par jour.

« On parle d'un projet majeur, d'une ampleur qui trouve peu de précédents », poursuit M. Heurtel.

SUSPENSION AU FÉDÉRAL

Le 7 septembre, TransCanada a demandé à l'ONE de suspendre pour 30 jours de l'examen d'Énergie Est. L'entreprise a également évoqué la possibilité de l'abandonner complètement.

Mais encore hier matin, le ministre Heurtel disait n'avoir reçu aucune communication de l'entreprise.

« Après trois ans à faire affaire avec cette compagnie, il n'y a plus grand-chose qui me surprend », a-t-il laissé tomber.

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, s'est bien gardé de supputer sur l'avenir d'Énergie Est. Tout au plus a-t-il réitéré l'intention de son gouvernement de participer aux audiences de l'ONE si elles devaient avoir lieu.

« Ce projet depuis le début a une nature très controversée, a indiqué M. Arcand. Nous, comme gouvernement, on s'oriente beaucoup plus vers les énergies renouvelables pour des raisons assez évidentes. Alors on va voir la suite des choses et on verra ce que la compagnie décidera. »

Le porte-parole de TransCanada, Tim Duboyce, a indiqué que l'entreprise « n'a[vait] rien à ajouter à ce sujet ».