Des organisations de défense de l'environnement ont porté plainte contre la Norvège pour protester contre l'autorisation de la prospection pétrolière dans les eaux arctiques de la mer de Barents.

La branche nordique de Greenpeace et l'ONG norvégienne Natur og Ungdom («Nature et Jeunesse») estiment que le gouvernement norvégien a violé l'Accord de Paris sur le climat ainsi que la Constitution du pays en attribuant de nouvelles licences d'exploration dans l'Arctique.

«Nous ferons valoir que le gouvernement norvégien a une obligation de tenir ses promesses climatiques et nous invoquerons le droit du peuple à un environnement sain pour notre génération et les suivantes» garanti par l'article 112 de la Constitution norvégienne, a déclaré Ingrid Skjoldvaer, porte-parole de Natur og Ungdom, dans un communiqué commun des deux ONG.

«Ce sera la population contre le pétrole de l'Arctique», a-t-elle dit.

Le ministère du Pétrole et de l'Énergie n'était pas immédiatement disponible pour un commentaire.

La Norvège, dont les revenus pétroliers périclitent, avait en mai attribué dix licences (couvrant au total 40 blocs) à 13 groupes pétroliers, parmi lesquels le champion national Statoil, les américains Chevron et ConocoPhillips, l'allemand DEA, le japonais Idemitsu, le suédois Lundin, l'autrichien OMV et le russe Lukoil.

Trois de ces licences, les plus âprement contestées, sont situées dans une région maritime frontalière jusque-là inexplorée que la Norvège et la Russie se sont longtemps disputée, jusqu'à la conclusion d'un accord en 2010.

L'une de ces zones est la plus septentrionale jamais ouverte à la prospection par la Norvège, et les ONG s'inquiètent de sa proximité avec les limites --elles aussi débattues-- de la banquise.

Les défenseurs de l'environnement y voient un paradoxe dans la mesure où la Norvège avait l'un des premiers pays à ratifier l'Accord de Paris qui a pour ambition de limiter en dessous de 2°C, voire à 1,5°C, la hausse du thermomètre mondial par rapport au niveau préindustriel, sous peine de conséquences ingérables.

«Signer un accord international sur le climat tout en permettant des forages pétroliers dans l'Arctique est un acte dangereux d'hypocrisie», a estimé Truls Gulowsen, responsable de Greenpeace Norvège.

Libres de glace grâce au Gulf Stream, les eaux ouvertes à la prospection, en particulier celles proches de la Russie, sont jugées prometteuses par l'industrie pétrolière alors que la production d'or noir ne cesse de décliner depuis le pic atteint en 2000.