L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) invite le département d'État à réviser son évaluation des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au projet d'oléoduc Keystone XL.

Le projet de la société TransCanada a fait l'objet d'un avis favorable du département d'État l'an dernier. Ce ministère avait conclu qu'il n'entraînerait pas une hausse significative des émissions de GES, puisque le pétrole dérivé des sables bitumineux, bien que plus polluant, serait de toute façon acheminé vers les raffineries.

Or, la récente chute des prix du pétrole pourrait changer la donne, fait valoir l'EPA, dans une lettre rendue publique hier. Le pendant américain du ministère de l'Environnement souligne que le transport par rail - la solution de rechange aux oléoducs - est plus coûteux. Si le prix du baril de pétrole reste bas, des producteurs pourraient renoncer à cette option.

Si tel est le cas, la construction d'un nouvel oléoduc vers les États-Unis pourrait entraîner une augmentation de la production de pétrole bitumineux, estime l'EPA.

«Jusqu'à ce que les efforts en cours pour réduire les émissions de GES associées à la production de pétrole bitumineux soient plus efficaces et répandus, [...] le développement du pétrole bitumineux représente une hausse significative des émissions de GES», peut-on lire dans le document.

Une victoire

La sortie de l'EPA a été saluée comme une victoire par les écologistes des deux côtés de la frontière.

Le porte-parole d'Équiterre, Steven Guilbeault, estime que Québec et Ottawa doivent suivre l'exemple de Washington, notamment dans leurs évaluations respectives du projet Énergie Est.

«Le Québec et le Canada, qui refusent tous deux d'évaluer les impacts du projet Énergie Est sur les GES, doivent imiter le processus adopté aux États-Unis et évaluer l'ensemble des impacts du projet, incluant ceux liés à la production du pétrole issu des sables bitumineux», a-t-il indiqué dans une déclaration.

Les commentaires de l'EPA surviennent en plein débat politique sur l'oléoduc, qui doit s'étendre sur 1400 km et permettre d'acheminer 830 000 barils de pétrole par jour vers les raffineries du sud des États-Unis.

La semaine dernière, le Sénat américain, dominé par les républicains, a approuvé la construction du pipeline. Le président Barack Obama menace toutefois d'opposer son veto à cette initiative.