Le président et chef de la direction d'Enbridge, Al Monaco persiste: le bitume dilué, ou «dilbit», ce mélange à base de pétrole lourd des sables bitumineux, ne pose pas de risque particulier pour les cours d'eau.

Et ce, même si un déversement survenu en 2010 au Michigan porte à croire le contraire.

La question inquiète notamment la Ville de Montréal, qui veut être rassurée sur les conséquences possibles d'un accident sur la ligne 9B d'Enbridge, qui traverse la rivière des Outaouais en amont de plusieurs prises d'eau potable de la région.

«Notre position, c'est que le "dilbit" n'est pas différent et que tous les types de pétrole brut dans certaines conditions sont susceptibles de couler avec le temps», a déclaré M. Monaco en conférence de presse hier.

Le grand patron d'Enbridge s'est adressé hier à la chambre de commerce du Montréal métropolitain pour défendre le projet d'inversement du flux de la ligne 9B d'Enbridge. Ce pipeline relie l'est de Montréal à Sarnia, passant par North Westover, en Ontario. Actuellement, il coule vers l'ouest mais Enbridge veut qu'il achemine du pétrole de l'ouest vers Montréal.

Le projet est actuellement soumis à l'Office national de l'énergie, qui tiendra des audiences publiques à Montréal et à Toronto le mois prochain. La décision est attendue au début de l'année prochaine et Enbridge affirme qu'elle pourrait dès la fin de 2014 livrer du pétrole de l'Ouest à Montréal.

Même si plusieurs acteurs économiques montréalais appuient le projet, Enbridge doit combattre les perceptions négatives du public dues notamment au déversement dans la rivière Kalamazoo, au Michigan, en juillet 2010, à la suite de l'éclatement de la ligne 6B d'Enbridge.

Le tuyau qui a cédé a relâché plus de 3 millions de litres de bitume dilué dans un ruisseau. La nappe a atteint la rivière Kalamazoo, une source d'eau potable dans la région. Le pétrole lourd s'est rapidement séparé des diluants et a coulé.

Les équipements flottants déployés dans les jours qui ont suivi le déversement n'ont été d'aucune utilité pour récupérer le pétrole.

Cependant, selon M. Monaco, le "dilbit" ne se comporte pas différemment d'autres types de pétroles. «Avec les éléments, avec le temps et dans des conditions d'inondation comme il y avait au Michigan, tout type de pétrole peut s'attacher aux sédiments, ce qui le rend plus susceptible de couler.»

La facture du nettoyage dans la rivière Kalamazoo dépasse le milliard de dollars et les travaux se poursuivaient encore cet été.

Le coût des travaux réalisés sur la ligne 9B par Enbridge en prévision de l'inversion de son flux vers Montréal en 2014.