Une quantité record de homards - soit 4154 tonnes - a été débarquée au Québec en 2010. Bien que des mesures visant à assurer la conservation du homard soient en place, «il reste beaucoup à faire pour améliorer davantage la durabilité de la pêche au Québec», indique une étude du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ) que La Presse a consultée.

Les derniers rapports sur l'état des stocks, tant aux Îles-de-la-Madeleine qu'en Gaspésie, recommandent «de poursuivre le programme de réduction de l'effort de pêche», selon la Monographie de l'industrie québécoise du homard d'Amérique. Fait inquiétant, «la capacité des scientifiques à établir des prévisions sur l'état des stocks de homard dans les régions du Québec demeure limitée», admet le document.

Aux Îles-de-la-Madeleine, les prises sont de plus grande taille depuis 2003, avec un poids supérieur de 25%. Malgré ces signes positifs, «il apparaît nécessaire d'améliorer la structure de la taille des stocks», selon le MAPAQ. Même chose en Gaspésie, alors que la situation en Basse-Côte-Nord et à l'île d'Anticosti est plus préoccupante. Les pêcheurs y capturent «aussi des homards immatures», possiblement en raison de l'environnement plus froid des dernières années.

Chute de prix

La moyenne annuelle de capture de homards au Canada a bondi de 20% par année, de 2000 à 2009. Au Québec, le nombre de tonnes pêchées est plus élevé depuis 2000 qu'au cours de la décennie précédente, avec un maximum atteint en 2010. Les 4154 tonnes débarquées ont alors rapporté près de 36 millions de dollars.

C'est peu: le prix moyen au débarquement a «fortement chuté» en 2008, 2009, et, dans une moindre mesure, l'année suivante. La situation économique mondiale et une hausse de l'offre sont en cause. Le homard s'est vendu seulement 8,66$ le kilo en 2010, ce qui ne s'était pas vu depuis...1994.

La rentabilité des entreprises de pêche au homard est plus faible qu'avant: la marge brute avant rémunération du propriétaire a plongé de 11 000$ aux Îles-de-la-Madeleine et de 20 000$ en Gaspésie entre 2004 et 2007. Non seulement les revenus des pêcheurs ont-ils baissé, mais leurs frais d'exploitation (carburant, entretien) ont augmenté.

«Sommet historique» d'exportations

Un «sommet historique» de homards a été exporté par le Québec en 2010, équivalant à 85% des débarquements. Ces crustacés ont été envoyés aux États-Unis (plus de 90% de la valeur des exportations), en France, en Belgique et à Hong Kong.

Seules 19 usines sont autorisées à transformer le homard en s'approvisionnant auprès des pêcheurs québécois. Elles ont connu un vif succès en 2010, leur valeur de production atteignant un sommet de 120 millions de dollars. Ces usines comptent aussi sur le homard importé, ce qui sera moins aisé à l'avenir, un changement de réglementation permettant au Maine de transformer des homards auparavant exportés.

Autre défi pour les pêcheurs: les consommateurs «sont de plus en plus sensibles aux conditions de capture et de manutention des poissons et fruits de mer», observe le MAPAQ. Les entreprises de pêche doivent «tenir compte de ces nouvelles tendances», selon le Ministère.

Quant au prix du homard, il a augmenté en 2011 en raison d'une baisse de prises attribuable à une mauvaise météo dans l'est du Canada. Mais il faudrait une vraie amélioration de l'économie américaine pour que l'embellie se poursuive en 2012.