Le gouvernement australien va mettre en place une taxe sur le carbone de 23 dollars australiens (environ 24 dollars canadiens) par tonne émise, une fiscalité verte se rapprochant de celle existant en Europe, afin de lutter contre le réchauffement climatique, a-t-il annoncé dimanche.

La première ministre Julia Gillard a l'intention d'imposer aux 500 premiers pollueurs du pays une taxe sur leurs émissions de gaz à effet de serre, dans le but de réduire la pollution, de modifier l'usage de l'énergie et de favoriser l'investissement dans les énergies propres.

«Nous avons longuement débattu des changements climatiques dans le pays», a déclaré Mme Gillard lors d'une intervention télévisée.

«La plupart des Australiens admettent aujourd'hui que le climat est en train de changer, à cause de la pollution provoquée par l'exploitation du charbon, ce qui affecte notre environnement et notre économie, poussant le gouvernement à agir».

«Mais le temps du débat est révolu et 2011 est l'année où nous décidons, en tant que nation, que nous voulons un futur énergétique propre. Il est temps de passer des paroles aux actes», a-t-elle affirmé.

Une taxe d'un montant fixe de 23 dollars australiens sera ainsi créée dès la mi-2012, préalable à la mise en place en 2015 d'un schéma d'échange de quotas d'émissions (ETS).

À partir de 2015, cette taxe cèdera la place à un schéma d'échange de quotas d'émissions aux prix variables, fixés par le marché. Un prix plancher et un prix maximum seront toutefois établis par le gouvernement pendant les trois premières années, afin d'éviter de brutales fluctuations.

«Il n'existe rien de réellement systématique dans le reste de la région,» a noté le professeur John Quiggin, de l'université d'économie du Queensland.

«Bien sûr, de leur côté la Chine et l'Inde prennent toutes sortes de mesures à grande échelle... et ils entreprennent vraiment des choses importantes; toutefois en termes de mise en place d'un système de taxe carbone généralisé et systématique, il s'agit là d'un engagement majeur», a-t-il déclaré à l'AFP.

Tony Wood, du groupe de réflexion Grattan Institute de l'université de Melbourne, voit dans le projet australien un «schéma d'échange de quotas d'émissions en devenir».

«Il me semble que c'est fondamentalement un ETS et qu'il se rapproche donc beaucoup de ce qui existe en Europe ou en Nouvelle-Zélande», a-t-il ajouté, estimant que cet ETS sera le plus vaste hors d'Europe.

Julia Gillard, dont le gouvernement travailliste est actuellement au plus bas dans les sondages, a estimé que cette réforme incitera les principaux pollueurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

En parallèle, le gouvernement créera une structure dotée d'un budget d'environ 10 milliards de dollars canadiens et visant à financer des projets innovants dans les énergies renouvelables.

L'industrie du charbon recevra quelque 1,3 milliard de dollars australiens (et canadiens) pour préserver l'emploi et compenser le coût financier de la nouvelle taxe pendant cinq ans.

Les ressources budgétaires dégagées par cette taxe iront principalement, pendant les trois premières années, au financement de mesures sociales (hausse des allocations familiales, des pensions de retraite, baisse de l'impôt sur le revenu), afin de contrebalancer le renchérissement des produits manufacturés et des services induit par sa prise en compte.

La taxe du carbone compte nombre d'opposants en Australie, l'un des pays affichant un taux d'émissions de gaz à effet de serre par habitant parmi les plus élevés au monde, en raison de sa forte dépendance à l'énergie thermique et de son importante industrie minière.

L'opposition conservatrice a rué dans les brancards contre ce projet, fruit d'un compromis entre les travaillistes et les Verts, son leader Tony Abbott fustigeant dimanche un «socialisme déguisé en défense de l'environnement».

Selon lui, cette taxe va appauvrir des millions d'Australiens et menacer l'emploi, sans parvenir à réduire l'émission de gaz à effet de serre.