Cascades,un fabricant de produits d'emballage, de papiers tissu et de papiers fins composés principalement de fibres recyclées, accueille favorablement les mesures annoncées par la ministre Line Beauchamp visant à soutenir les centres de tri, mais estime toujours que la qualité du papier à recycler sortant des centres de tri québécois devrait être améliorée.

Mercredi, le gouvernement Charest a annoncé entre autres mesures qu'il mettra à la disposition des centres de tri des garanties financières, par l'intermédiaire du programme Renfort et de la société d'État RECYC-QUEBEC, pour que ces entreprises obtiennent des fonds de roulement auprès des institutions bancaires.

Québec va aussi amender la loi de façon à ce que les recycleurs puissent renégocier, à leur avantage, les contrats conclus avec les municipalités. Actuellement, certaines municipalités ne déboursent aucun montant pour les services des recycleurs qui pouvaient compter sur la vente à prix élevés de leurs produits à certains pays asiatiques.

Or, avec la chute de la demande asiatique pour le vieux papier et de celle des prix qui l'a accompagnée, les recycleurs québécois se retrouvent en difficulté.

Jeudi, Cascades, un pionnier en matière de recyclage du papier au Québec, a affirmé qu'à plusieurs égards, le plan d'aide gouvernemental annoncé la veille atténuera à moyen et à long terme les effets de la crise engendrée par l'effondrement des prix des matières recyclées.

«Toutefois, il faut s'assurer que l'ensemble des centres de tri (privés, organismes à but non lucratif, régies intermunicipales) y soient admissibles et que les montants octroyés par le gouvernement servent à améliorer le tri et la qualité des matières destinées en priorité au Québec, et non pas aux marchés de l'exportation», a ajouté Cascades.

Selon Alain Lemaire, président et chef de la direction de Cascades, «il est anormal que des entreprises comme Cascades soient forcées d'importer de la matière des États-Unis ou d'ailleurs au Canada pour combler leurs besoins en vieux papiers».

«Actuellement, Cascades s'approvisionne en vieux papier au Québec, en Ontario et aux États-Unis, mais ne peut compter entièrement sur celui du Québec en raison de sa qualité déficiente», a précisé le vice-président responsable des communications et des affaires publiques de l'entreprise, Hubert Bolduc, expliquant que le produit des centres de tri québécois contient trop contaminants: métal, verre et plastique.

Dans une lettre ouverte publiée par certains médias l'automne dernier, alors que le prix de la tonne de vieux papier avait déjà baissé de façon très marquée, M. Lemaire avait lancé un appel à plus de qualité.

Acculés au mur, les centres de tri québécois devront donc s'ajuster au marché et fournir aux entreprises un meilleur papier que celui qui était jusqu'à maintenant exporté vers des pays comme la Chine moins soucieux de la qualité compte tenu qu'ils peuvent procéder à un «retriage» à des coûts de main-d'oeuvre dérisoires.

En annonçant son aide aux centres de tri en difficulté mercredi, Québec a également montré son intérêt à cet égard en annonçant un programme financé par des acteurs du secteur privé et du secteur public dont l'objectif sera d'améliorer les opérations, la rentabilité et la qualité des produits pour favoriser l'essor du marché québécois.

Un comité conjoint sur le marché des matières recyclables sous l'égide de RECYC-QUEBEC aura par ailleurs le mandat de favoriser l'adéquation entre l'offre et la demande de matières recyclables au Québec.

Cascades a précisé jeudi qu'elle entend participer à ce comité conjoint sur le marché des matières recyclables afin de s'assurer que la totalité des matières résiduelles générées au Québec soient utilisées par des transformateurs québécois.