La chute brutale du prix du pétrole est peut-être un répit pour le consommateur moyen, mais elle aura comme conséquence de reporter l'utilisation des sources d'énergie alternatives dans la vie de tous les jours.

«L'incitation est pas mal moindre pour le consommateur et les entreprises qui développent ces pistes de solutions vont avoir de la difficulté à percer dans le marché», estime Joseph Doucet, spécialiste en énergie de l'Université de l'Alberta.

 

À 40$US le baril, le développement de substituts au pétrole devient moins urgent pour tout le monde. Les entreprises qui misent sur le long terme auront aussi plus de mal à financer leurs activités à cause de la crise du crédit, qui s'ajoute à la faiblesse du prix du pétrole.

Autre conséquence de la chute des prix, les entreprises ont réduit radicalement leurs dépenses d'exploration et de production, notamment au Canada où les coûts de production de pétrole bitumineux sont très élevés.

Plusieurs analystes estiment que les entreprises actives en Alberta ont besoin d'un prix supérieur à 80$US pour rentabiliser leurs activités. C'est plus compliqué que ça, croit pour sa part Joseph Doucet, parce que tous les projets ont des seuils de rentabilité différents. «Mais à 35$US le baril, tout le monde commence à avoir chaud», reconnaît-il.

La réduction de l'activité des entreprises pétrolières en Alberta donnera un coup de frein brutal à l'économie de la province mais après plusieurs années de surchauffe, ce répit sera salutaire, selon le spécialiste. «Plusieurs des projets retardés n'auraient pas pu se réaliser de toute façon, en raison de la pénurie de main-d'oeuvre.»

Mais la réduction des dépenses d'exploration laisse présager que l'offre sera insuffisante pour satisfaire la demande quand l'économie mondiale redémarrera.

Le prix du pétrole risque de rebondir à des niveaux très élevés. «Ça va faire mal», dit Joseph Doucet.

Le pétrole est un secteur de hauts et de bas. On devrait y être habitués. C'est vrai, selon lui, mais l'ajustement est de plus en plus difficile parce que la marge entre l'offre et la demande est plus mince qu'elle ne l'a jamais été.

Le pétrole est devenu plus coûteux à trouver et à exploiter et les risques de chocs de prix sont accrus.

Malgré cette tension, le professeur ne croit pas à la théorie du peak oil. Le pétrole est une ressource non renouvelable, mais les théoriciens du peak oil ignorent les efforts d'exploration et les alternatives qui viennent avec les prix élevés, selon lui.

«J'ai 49 ans et j'espère vivre très vieux. Je crois qu'il y aura toujours du pétrole à la fin de ma vie.»