Impossible de débarquer dans le centre financier de l'Alberta sans deviner que la province croule sous les pétrodollars. À l'extérieur, les boîtes à journaux exhibent la manchette du Calgary Herald, portant ce jour-là sur la visite des richissimes Bill Gates et Warren Buffet. Tout autour, les gratte-ciel arborent la signature d'une pétrolière: Place Esso, Shell Tower, Chevron Plaza, BP Center, Amoco Tower, etc.

Rien d'étonnant: la province vit grâce à l'or noir la plus intense période de croissance économique qu'ait jamais connue une province canadienne. Pour illustrer la chose, la seule comparaison possible est avec... la Chine!

«Avec un taux annuel moyen de croissance de 12,7% depuis 2002, l'Alberta n'a guère à envier à la Chine qui affiche un taux de 14,8 %, soit le plus élevé à l'échelle des grandes économies du globe», selon Philip Cross et Geoff Bowlby, du groupe d'analyse de conjoncture de Statistique Canada.

La croissance est cependant bien différente des deux côtés du Pacifique. La Chine a vu son économie croître en volume, tandis que l'explosion de l'Alberta est liée en grande partie au boom pétrolier, en particulier au prix à l'exportation. Depuis 1995, les États-Unis ont reçu la presque totalité (99%) des exportations pétrolières du Canada.

Cela dit, cette manne financière se traduit pour l'État en d'imposants surplus, prévus cette année à quelque 8,5 milliards de dollars!