La prudence est de mise au sujet de l'extraction du gaz de schiste, un secteur économique en plein essor, a recommandé un groupe d'experts dans un rapport publié par le Conseil des académies canadiennes, mercredi.

Les répercussions à long terme de l'extraction du gaz de schiste par la méthode de la fracturation sont si peu connues que les scientifiques et les législateurs doivent commencer à comprendre comment on peut mettre en valeur cette ressources de façon sûre et propre, a déclaré l'un des auteurs du rapport, le professeur Rick Chalaturnyk, de la faculté de Génie de l'Université de l'Alberta.

Selon lui, la prudence est «la meilleure philosophie» à adopter. Il prône l'établissement d'un cadre réglementaire afin de mieux comprendre les enjeux entourant les impacts environnementaux de la mise en valeur du gaz de schiste.

Le comité déplore notamment que «la mise en valeur du gaz de schiste s'est faite sans que soient recueillies des données suffisantes sur les conditions de référence». Il souligne qu'une information fiable et à jour est «essentielle à la gestion des effets environnementaux possibles». Il a aussi constaté «les effets possibles de la mise en valeur du gaz de schiste sur l'environnement et la santé peuvent prendre des décennies avant de se manifester, ce qui met en évidence le besoin d'une surveillance».

Le comité a été formé par le Conseil des académies canadiennes (CAC), un organisme indépendant à but non lucratif qui regroupe des universitaires de tout le pays pour étudier les politiques publiques. Le ministère de l'Environnement du Canada lui avait demandé en 2012 d'examiner la question de la fracturation et de tirer ses conclusions à partir des recherches scientifiques disponibles.

Dans ce rapport de 292 pages, les experts reconnaissent que le Canada pourra tirer des bénéfices, d'un point de vue économique, de la mise en valeur du gaz de schiste. Il y a d'importantes réserves de cette ressource dans toutes les provinces et territoires du pays, à l'exception du Manitoba, de l'Île-du-Prince-Édouard et du Nanavut.

Le comité juge toutefois qu'il existe une grande incertitude sur les risques possibles sur l'environnement et la santé humaine. Parmi les craintes, on note la contamination de sources d'eau potable, le risque d'accroissement des émissions de gaz à effet de serre et les effets néfastes sur la santé humaine.

Les experts recommandent aussi de ne pas se laisser aveugler par les revenus que les gouvernements et les collectivités pourront tirer de l'exploitation de cette ressource. Selon eux, l'histoire des sciences et des technologies enseignent que les plus importants impacts environnementaux n'ont pas été anticipés.