La Pologne s'appuiera principalement sur le charbon et le gaz de schiste pour assurer son indépendance énergétique, tout en limitant ses investissements dans les sources d'énergie renouvelables, a indiqué mardi le premier ministre polonais Donald Tusk.

«Nous voulons avoir des sources d'énergie renouvelables, mais ce sont la houille et le lignite, et bientôt le gaz de schiste, qui resteront pour nous les principales sources d'énergie. C'est là, l'avenir du secteur énergétique», a déclaré M. Tusk en inaugurant une foire internationale de l'industrie minière à Katowice (sud).

«Nous avons donc décidé que les sources d'énergie renouvelables, un complément important pour le secteur énergétique polonais, seront limitées autant que les règles européennes le permettent», a-t-il ajouté.

«Il faut respecter les énergies renouvelables, mais on ne peut permettre que l'on nous prive de notre bien national. Chaque pays construit son indépendance énergétique et industrielle sur ses propres ressources. On l'a bien vu lors de la période de crise,», a-t-il affirmé.

M. Tusk a également rappelé qu'au cours des dernières années d'importantes sommes ont été investies dans la recherche de nouvelles technologies, moins polluantes, de traitement du charbon.

«L'exploitation la plus moderne possible de sources d'énergie classique, et plus particulièrement du charbon, reste une chance» pour la Pologne, a-t-il dit.

Actuellement, 91 % de l'électricité en Pologne est produite à partir de la houille et du lignite, dont les réserves pourraient couvrir les besoins du pays pendant 150 ans, selon les estimations.

Soucieuse de garantir son indépendance énergétique, la Pologne compte également sur le gaz de schiste dont les réserves sont évaluées à entre 800 et 2000 milliards de m3. Une première extraction, à titre expérimental, a été lancée en juillet. Le gouvernement compte investir 12,5 milliards d'euros (17,2 milliards de dollars) d'ici à 2020 pour exploiter ces gisements.

Ce pays de 38 millions d'habitants, la première économie d'Europe centre-orientale, consomme actuellement 14 milliards de m3 de gaz par an, dont les deux tiers sont importés de Russie.

Le premier ministre n'a pas mentionné dans sa déclaration mardi le nucléaire, désigné il y a encore un an comme une source susceptible de garantir l'indépendance énergétique de la Pologne.

En juin cependant, M. Tusk avait estimé que la construction envisagée de deux centrales nucléaires de 3000 mégawatts chacune, la première devant entrer en service en 2024, pourrait être ajournée de plusieurs années, «à cause de l'importance potentiellement grandissante du gaz comme source d'énergie, dont le gaz de schiste local».