L'opposition au gaz de schiste s'effrite et une nouvelle minorité autrefois silencieuse appuie maintenant l'industrie.

C'est la lecture que le président de la société Questerre, Michael Binnion, a faite de la conjoncture dans une présentation au congrès de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), hier.

M. Binnion est bien connu dans le milieu pour son activité sur Twitter et son blogue, où il débat avec les écologistes.

Il considère comme un «tournant» les réactions qu'a suscitées la déclaration de la ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet, le lendemain de sa nomination.

Mme Ouellet avait affirmé qu'elle ne voyait pas le jour où le gaz de schiste pourrait être exploité de façon sécuritaire.

Elle avait aussi désavoué l'Évaluation environnementale stratégique (EES) de cette filière lancée par le gouvernement libéral à la suite des recommandations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

« Quand notre ministre des Ressources naturelles a annoncé qu'elle allait imposer un moratoire de façon unilatérale, des gens ont dit: Attendez un peu! Il y a une étude en cours et on va peut-être avoir besoin de l'argent du gaz. Et la première ministre a répondu: Non, attendons l'EES. Maintenant, les trois principaux partis disent exactement la même chose: attendons les résultats de l'EES. »

Un tournant ?

« L'avenir nous le dira, mais c'est peut-être un tournant pour notre industrie », a avancé M. Binnion.

Il a également cité des sondages démontrant que le gaz naturel est une énergie de mieux en mieux perçue.

C'est le message qu'a martelé le président de l'APGQ, Lucien Bouchard, dans son allocution de clôture du congrès.

« Qui aurait prédit que les années 2000 verraient l'émergence de l'âge d'or du gaz naturel ? a demandé M. Bouchard. Le gaz naturel est la seule énergie fossile qui augmentera sa part de marché d'ici 2035. Il n'y a pas d'autre source d'énergie qui puisse à la fois combler les besoins grandissants tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre. »

Bouchard contre les « bloqueux »

M. Bouchard a pourfendu ceux qu'il qualifie de «bloqueux», parce qu'ils s'opposent aux projets gaziers par « idéologie ». Il affirme que le gaz de schiste compte pour environ 30 % de l'approvisionnement gazier du Québec.

« On ne vit pas dans une bulle! a-t-il lancé. J'ai de la misère à comprendre pourquoi on en achète si c'est si mauvais que ça. Sommes-nous si différents des autres ? Sommes-nous tellement riches que nous puissions nous passer d'une ressource dont la nature nous a pourvus ? »

« Il y a eu des cas où les bloqueux ont gagné. Il faut peut-être, qu'à un moment donné, il y ait des victoires pour la marche en avant, pour le progrès. C'est en avant qu'il faut aller tous ensemble, avec nos atouts et nos besoins. »

Peu de fuites auraient nécessité un colmatage

Le président de Questerre, Michael Binnion, s'est montré critique hier envers l'ex-ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, qui avait affirmé en janvier 2011 que l'industrie semblait avoir «perdu le contrôle».

À l'époque, le ministre réagissait à une information publiée dans La Presse selon laquelle 19 des 31 puits de gaz de schiste forés au Québec avaient des fuites. «Quand le ministre a dit cela, c'était vraiment le signe que le gouvernement n'était pas prêt à nous réglementer», a affirmé M. Binnion.

En fait, assure ce dernier, seulement 3 des 31 puits avaient des fuites qui nécessitaient un colmatage. Dans les autres cas, c'étaient des émissions à l'évent du puits, un processus considéré comme normal dans l'industrie.