L'intervention en apparence musclée de Québec pour encadrer l'industrie du gaz de schiste et lancer une évaluation environnementale stratégique (ÉES) ne changera rien sur le terrain, selon Michael Binnion, président de Questerre, qui s'est adressé récemment aux actionnaires de son entreprise.

«Ils ne nous ont pas empêché de faire ce que nous prévoyions faire de toute manière au cours des deux prochaines années», a affirmé M. Binnion dans une présentation diffusée sur le web.

À une question d'un actionnaire qui demandait si les projets de fracturation de Questerre allaient se réaliser, M. Binnion a été affirmatif.

«Les deux puits de Questerre et quatre autres puits, un de Canbriam et trois de Junex, seront fracturés, et tout indique que le gouvernement s'attend à ce qu'il y ait bien plus que six puits pilotes au cours de la période» de l'ÉES.

Une occasion pour l'industrie

M. Binnion ajoute que le processus de l'EES est l'occasion pour l'industrie de bien former la bureaucratie québécoise, qui manque d'expérience avec l'industrie des hydrocarbures.

Dans ce contexte, selon l'Association québécoise de lutte à la pollution atmosphérique (AQLPA), le gouvernement a fait un cadeau à l'industrie, en prolongeant gratuitement les permis pendant toute la durée de l'ÉES.

Cette mesure se retrouve dans le projet de loi 18 « limitant les activités pétrolières et gazières « étudié cette semaine à Québec.

«L'article 3 du projet de loi 18 propose d'étendre de trois ans tous les permis de recherche de pétrole, de gaz naturel et de réservoir souterrain du Québec, mais aucun moratoire n'est imposé sur ces permis, pas même en ce qui a trait à l'activité de fracturation hydraulique», dénonce l'AQLPA dans son mémoire présenté en commission parlementaire.

L'AQLPA souhaite en outre que les travaux gaziers soient interdits sous les cours d'eau, dans les périmètres urbanisés et dans un périmètre de 5 km de la centrale nucléaire Gentilly.