La composition du comité qui pilotera l'Évaluation environnementale stratégique sur le gaz de schiste continue de semer la controverse.

Les 11 nominations ont été annoncées la semaine dernière. Les candidats retenus ont été recommandés par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) conteste le choix de Michel Lamontagne, désigné pour représenter la «société civile» au sein du comité, avec l'universitaire Corinne Gendron.

Or, M. Lamontagne est administrateur et président sortant de Réseau environnement, qui se décrit comme le «plus important regroupement de l'industrie environnementale au Québec». Plusieurs entreprises et professionnels qui pourraient obtenir des contrats dans l'industrie gazière sont membres de Réseau environnement.

L'industrie gazière détient d'office deux des onze sièges du comité. En outre, trois membres proviennent du gouvernement, deux des universités et deux autres du secteur municipal.

L'un des deux membres désignés par le monde municipal, Pierre Boucher, un ingénieur, n'a jamais occupé une fonction municipale. Il a présidé l'Association canadienne du ciment de 2006 à 2010 après avoir occupé divers postes de direction dans le secteur de l'énergie.

Selon l'AQLPA, la nomination de M. Lamontagne favorise les intérêts de l'industrie.

«Tout à coup, M. Lamontagne devient représentant de la société civile alors qu'en novembre dernier, il était avec moi dans une rencontre du comité environnement sur le gaz de schiste avec la ministre (des Ressources naturelles Nathalie) Normandeau et il plaidait contre un moratoire et pour la création d'emploi qui viendrait avec le gaz de schiste, dit André Bélisle, de l'AQLPA. Il représentait Réseau environnement, qui regroupe l'industrie, et non la société civile.»

Réseau environnement et l'AQLPA ont tous deux été invités à soumettre des candidats au comité de l'EES, mais sans succès dans le second cas.

Même résultat négatif pour le groupe Maître chez nous XXIe siècle, qui avait suggéré deux candidats: l'ingénieur Jean-Marc Pelletier et Denis L'Homme, ingénieur, économiste et ancien sous-ministre délégué à l'énergie au gouvernement du Québec.

De son côté, M. Lamontagne a été le premier président du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), de 1979 à 1982. Il a ensuite été sous-ministre adjoint au ministère de l'Environnement et a travaillé à Environnement Canada et à la Ville de Montréal, où il a dirigé les Muséums nature.

Joint en Europe où il est en vacances, M. Lamontagne a affirmé à La Presse qu'il ne savait pas d'avance dans «quelle case» son nom serait inscrit.

«On a reçu à Réseau environnement une lettre du Ministère nous demandant de proposer des candidatures, dit-il. On n'a jamais su les catégories avant la nomination. Je ne suis pas dans cette décision.»

Il voit son rôle au sein du comité comme celui d'un «expert». «À cette réunion dont parle M. Bélisle, on a dit à la ministre: Réseau environnement n'est pas un groupe environnemental ou citoyen, mais on offre notre expertise. Comme association professionnelle on ne se prononce pas sur l'opportunité (du développement du gaz de schiste) mais on est là comme expert. Dans ce comité, ce sera la même chose.»

Par ailleurs, il ne s'oppose pas à ce que le comité soit élargi pour accueillir des groupes qui correspondent mieux à l'étiquette «société civile». «Que le gouvernement en nomme 10 de plus, je n'ai rien contre ça, dit-il. Tout ce que je sais, c'est qu'ils nous ont demandé de soumettre une candidature.»

Dans une réponse par courriel aux questions de La Presse, le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) a refusé de formuler des commentaires «concernant les candidats qui n'ont pas été sélectionnés pour la composition finale du comité».

«La composition finale du comité d'experts a été établie de manière à optimiser l'équilibre des expertises scientifiques et des secteurs d'activité», a-t-on indiqué.