Contrairement à ce qui s'est produit aux États-Unis, le diesel n'a pas été utilisé comme ingrédient par l'industrie gazière dans ses opérations de fracturation hydraulique, selon le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP).

«À la connaissance du ministère, il n'y a aucun endroit où on peut affirmer que du diesel a été employé», dit Pierre Paquin, directeur régional du MDDEP en Estrie et Montérégie.

Aux États-Unis, une enquête du Congrès a démontré que 120 millions de litres de diesel (ou d'un mélange contenant au moins 30% de diesel) ont été injectés dans le sous-sol pour stimuler la production de gaz. Le diesel est employé dans des formations rocheuses qui ne répondent pas bien à l'injection d'eau et de produits chimiques. Cette révélation faite lundi par les démocrates au Congrès a lancé une nouvelle controverse dans l'industrie du gaz de schiste.

L'injection de diesel est considérée comme risquée pour l'eau potable par les autorités américaines.

L'industrie rétorque qu'aucun cas de contamination n'a été prouvé et que l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA) n'a jamais utilisé son pouvoir d'encadrer l'emploi de diesel. Ce pouvoir est le seul qui a survécu en 2005, quand la loi fédérale américaine protégeant l'eau potable a été modifiée pour exempter la fracturation hydraulique de l'obtention d'un permis en vertu du Safe Drinking Water Act.

Au Québec, certaines compagnies comme Questerre ont rendu publique la liste des produits qu'elles utilisent et le diesel n'y figure pas

Le MDDEP n'a pas su à l'avance quels produits l'industrie a utilisés pour la plupart des opérations de fracturation. Le ministère exige un certificat d'autorisation seulement depuis cet été. Une quinzaine de puits ont été fracturés au Québec depuis 2008.

«Dans les cas les plus anciens, on est allés voir les entreprises et on leur a demandé de fournir les documents disponibles sur les compositions de l'eau de fracturation», dit M. Paquin.

Depuis l'été 2010, les opérations de fracturation doivent être autorisées par certificat. M. Paquin affirme que si une demande d'injection de diesel était présentée, «on y penserait à deux fois».

Le diesel contient des substances toxiques comme le benzène, le toluène, l'ethylbenzène et les xylènes, qu'on regroupe sous l'acronyme BTEX. Le benzène est cancérigène.

Moratoire en France

Le débat sur le gaz de schiste évolue rapidement outre-Atlantique. Selon ce que rapporte l'Express, la ministre française de l'Écologie Nathalie Kosciuzko-Morizet a suspendu les travaux de prospection de gaz de schiste jusqu'à l'été au moins. Le Parti québécois et les groupes écologistes ont saisi la balle au bond en demandant au Québec de suivre l'exemple français.

La ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Nathalie Normandeau, maintient son opposition à un moratoire.