L'entrée en scène de l'ancien premier ministre Lucien Bouchard dans le débat sur les gaz de schiste est de bon augure, pense Bernard Landry.

En entrevue jeudi à La Presse Canadienne, M. Landry a souligné la compétence, l'honnêteté et les qualités de communicateur de celui qui fut, tout comme lui, chef du Parti québécois et premier ministre.

Selon lui, M. Bouchard est certainement l'homme qu'il faut pour rétablir un dialogue serein entre les factions qui s'opposent dans ce dossier.

«Je pense que Lucien Bouchard est l'homme bien choisi pour ce dialogue. C'est un honnête homme, il communique bien et il cherche l'intérêt du Québec», a fait valoir M. Landry.

La nomination plus tôt cette semaine de Lucien Bouchard à la tête de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) - le lobby de l'industrie du gaz - a suscité un malaise certain au sein du Parti québécois, qui milite en faveur d'un moratoire sur l'exploitation de la ressource.

Mais M. Landry n'y voit nulle matière à embarras.

L'ex-leader péquiste entretient un préjugé favorable à l'égard des gaz de schiste mais plaide en faveur d'un moratoire, le temps que le Québec puisse notamment faire une analyse approfondie des pratiques de l'industrie à l'étranger.

Il croit aussi que l'État a un rôle à jouer dans cette filière industrielle.

Selon lui, le gouvernement Charest a jusqu'ici lamentablement failli à la tâche d'expliquer les enjeux et son attitude erratique a eu pour effet de braquer les opinions.

Il est temps, a soutenu M. Landry, de faire table rase et de recommencer le débat sur des bases plus solides.

«Le gouvernement a mené le dossier de façon catastrophique. C'est un gâchis. Il faut reprendre ça à zéro. Il est dans l'intérêt collectif d'aller au fond des choses. Le «Oui» doit être défendu par des gens honnêtes, compétents, crédibles et le «Mais» aussi. Il doit y avoir un dialogue poli entre les deux», a-t-il dit.

Il n'y a pas qu'au sein du Parti québécois que le recrutement de M. Bouchard par l'industrie gazière a créé un inconfort.

Des commentateurs ont aussi critiqué la décision d'un ex-premier ministre de mettre sa crédibilité au service d'un lobby industriel.

En matière éthique, M. Bouchard avait le chemin libre pour prendre la direction de l'APGQ, a fait valoir M. Landry.

«C'est sa décision personnelle. Rien dans les normes éthiques n'empêche quelqu'un de décider ça. Et c'est lui qui assume les risques. Il a décidé en son âme et conscience, c'est son droit strict et ça doit être respecté», a-t-il dit.

Pour M. Landry, le choix de Lucien Bouchard est légitime mais risqué sur le plan de la crédibilité. Personnellement, il n'aurait pas accepté d'occuper une telle fonction.

«Je ne l'aurais pas fait. Parce que je ne veux pas me mettre dans une telle situation», a-t-il laissé tomber.