En engageant Lucien Bouchard, l'industrie se prépare à un moratoire sur le gaz de schiste, croit le PQ. «L'industrie s'est trouvé un porte-parole, mais aussi un négociateur pour défendre ses membres s'il y a un moratoire», estime Sylvain Gaudreault, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie.

Il replace l'annonce dans le contexte du «recul» du gouvernement Charest sur la question: vendredi dernier, le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, a accusé l'industrie de «ne plus avoir le contrôle» et a même ouvert la porte à un moratoire. Le premier ministre Charest l'a imité peu après, quoique plus mollement. Pendant ce temps, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, était injoignable.

«Et maintenant, on annonce que Lucien Bouchard présidera l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) à partir du 21 février, ajoute M. Gaudreault. Le 21 février, c'est la date de la prochaine assemblée générale de l'APGQ, mais c'est aussi une semaine avant le dépôt du rapport du BAPE.»

Après avoir représenté tous les Québécois, Lucien Bouchard représentera maintenant l'industrie pétrolière et gazière. M. Gaudreault espère que l'ex-premier ministre ne perdra pas complètement ses «convictions». «C'est un homme très habile, très intelligent, qui sait à quel point les Québécois sont attachés à leurs ressources naturelles. Je pense qu'il croit que l'exploitation des ressources naturelles doit être faite correctement, au bénéfice de l'ensemble de la population», dit M. Gaudreault, député de Jonquière, la circonscription que détenait Lucien Bouchard.

»Très bonne nouvelle», dit Normandeau

La ministre Normandeau s'est dite «surprise» par l'embauche de Lucien Bouchard. «C'est une très bonne nouvelle», a-t-elle dit. Elle croit que l'industrie a «du travail à faire pour redorer son image». Selon elle, les talents de «rassembleur» de M. Bouchard devraient aider à «rendre le débat plus rationnel» et à «créer un climat de confiance».

Le chef de l'ADQ, Gérard Deltell, se réjouit aussi de cette annonce. «C'est une excellente nouvelle pour le Québec de voir un homme de la trempe de Lucien Bouchard prendre à bras-le-corps ce dossier essentiel pour l'avenir économique.»

Québec solidaire se montre toutefois sceptique: «On change le messager, mais pas le message, a dit Françoise David. Malgré tous les talents de communicateur de M. Bouchard, les Québécois continueront d'être inquiets et de réclamer un moratoire, et ils auront raison.»