Les fuites aux abords des puits de gaz de schiste n'ont rien d'inquiétant pour la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, qui les qualifie de «normales».

En entrevue à La Presse Canadienne, Mme Normandeau indique que des fuites de ce genre existent à l'état naturel dans notre environnement.

Elle demande aux citoyens et aux groupes de pression d'éviter d'être alarmistes, puisque ces fuites ne représentent, à son avis, aucun danger pour la santé et la sécurité de la population.

«Ce sont des fuites normales qu'on trouve dans d'autres puits ailleurs dans d'autres juridictions, explique-t-elle. Regardons la réalité telle qu'elle est. En tant que ministre des Ressources naturelles, j'arrive à la conclusion qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer.»

Elle ajoute faire totalement confiance aux mécanismes de surveillance en place. «Avec le programme d'inspection, on va assurer un suivi systématique et rigoureux de toutes les installations qui ont été autorisées à ce jour pour être le plus proactif possible», dit-elle.

Nathalie Normandeau en profite pour blâmer le Parti québécois qui a «la critique très facile» et «qui monte aux barricades un peu trop vite», contribuant du coup à alarmer inutilement la population.

«Dans le débat actuel, il faut se limiter aux faits. Il y a des fuites qui ont été constatées, mais sur la base du rapport effectué, il n'y a pas d'inquiétudes pour les citoyens», ajoute-t-elle.

Mme Normandeau était de retour au travail lundi matin, après avoir évité la tempête causée la semaine dernière par le dévoilement d'un rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) indiquant qu'une majorité de puits inspectés au Québec laissaient échapper des émanations de gaz naturel.

La ministre Normandeau dit entendre la demande des citoyens en faveur d'un moratoire. Mais elle affirme consacrer ses énergies à chercher une solution mitoyenne qui permettrait aux citoyens d'être rassurés tout en répondant aux demandes de permis d'exploration soumises par l'industrie.

«Il n'y a pas d'entêtement de notre part», tient-elle à préciser. Elle voit plutôt la poursuite des activités d'exploration comme une voie très pragmatique qui permet notamment au gouvernement et à l'industrie de mesurer la viabilité du potentiel gazier au Québec.

«C'est un incontournable. On ne peut pas un jour penser passer en phase d'exploitation sans avoir passer par la phase d'exploration», soutient-elle.

Après le dépôt du rapport du BAPE sur les gaz de schiste prévu pour le 28 février, Mme Normandeau entrevoit la possibilité de prendre elle-même le bâton de pèlerin pour aller rassurer la population.

«Mais on souhaite faire ça dans un contexte où le BAPE aura apporté un nouvel éclairage sur la façon d'encadrer de manière optimale le secteur gazier au Québec», indique-t-elle.

Réaction de Québec solidaire

La présidente et porte-parole du parti Québec solidaire, Françoise David, a vivement dénoncé les propos de Mme Normandeau qui a qualifié de «normales» les fuites aux abords des puits de gaz de schiste.

Dans un communiqué transmis en fin de journée, lundi, Mme David affirme que «ce qui serait vraiment normal, ce serait d'écouter la population qui réclame un moratoire» dans le dossier des gaz de schiste.

«Ces temps-ci, à écouter les ministres libéraux, tout semble normal partout. C'est parce que le BAPE a dévoilé des informations que les Québécois (...) ont appris que la majorité des puits de gaz de schiste produisaient des fuites de gaz. Normaux, ce manque de transparence et cette banalisation des fuites qui inquiètent à bon droit la population?» a demandé Mme David.