Près de 300 citoyens ont manifesté pacifiquement samedi, à Saint-Denis-sur-Richelieu, contre l'exploitation du gaz de schiste en milieu agricole. Réunis devant le site de la Canadian Forest Oil, ils ont réclamé l'adoption d'un moratoire.

«On veut un moratoire, une réglementation précise. Et on souhaite que le projet de l'entreprise albertaine Canadian Forest Oil, qui est en phase exploratoire, n'aille pas en phase d'exploitation.» Résidente de Saint-Denis-sur-Richelieu, Sophie Laverdière-Leduc habite à environ 600 mètres d'une tour de forage érigée dans un champ à la mi-novembre par la Canadian Forest Oil, aux limites de la municipalité de La Présentation.

«Visuellement, il y a un gros impact, surtout le soir quand la tour est illuminée, observe-t-elle. C'est comme un gros sapin de Noël. On peine à voir les étoiles. Le jour, on entend constamment le bruit de camions qui reculent. On passe d'une zone agricole à une zone industrielle et personne ne nous avertit.»

Mme Laverdière-Leduc déplore qu'elle et ses voisins n'aient pas été informés de l'arrivée de la Canadian Forest Oil. Après avoir observé la présence de camions sur le site et d'un hélicoptère le survolant, elle s'est enquise auprès de la municipalité sans obtenir d'explications sur le projet. Gérard Montpetit, un résident de La Présentation, qui habite près du site, et membre du Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain, dénonce lui aussi le voile qui entoure le projet. «On veut savoir ce qui se passe!», lance-t-il.

Les citoyens présents à la manifestation, organisée par le Comité de Mobilisation Gaz de Schiste de Saint-Denis, ont fait part de leurs inquiétudes face aux conséquences possibles du forage sur l'environnement. «Si la gaine de béton qui sera construite n'est pas parfaitement intacte, est-ce que du gaz pourrait s'échapper dans le sol?», demande Sophie Laverdière-Leduc.

«Nous avons la Cadillac des terres agricoles, souligne Gérard Montpetit qui a présenté récemment un mémoire aux audiences du BAPE. Maintenant, des personnes qui n'ont pas été invitées risquent de créer des problèmes aux infrastructures existantes.»

Rappelons que dans La Presse du 24 novembre dernier, Jean-Robert Tarte, un voisin du site de forage de Saint-Denis-sur-Richelieu, accusait la Canadian Forest Oil d'avoir causé des dommages menant à la contamination de son puits artésien lors d'une opération d'exploration impliquant des charges explosives. M. Tarte soutient aussi que le levée sismique a des fissures dans les fondations de sa maison.