C'est équipé d'une vidéo aérienne et d'une bouteille contenant un liquide malodorant qu'un citoyen a témoigné, hier à Bécancour, contre l'exploitation du gaz de schiste au Québec.

Selon ce citoyen, Serge Fortier, le liquide provenait d'un bassin d'eau de fracturation de la société Talisman. Le bassin est situé sur l'une des deux plateformes de forage de la société albertaine situées à proximité l'une de l'autre à Bécancour.

«J'ai découvert ces deux puits alors que je cherchais une maison pour ma fille, a expliqué M. Fortier. J'ai appelé l'agente d'immeubles et j'ai dit: «C'est dommage, la maison m'intéresse, mais il n'est pas question que ma fille s'installe à côté d'un puits de gaz.»»

Par la suite, M. Fortier s'est intéressé à la question du gaz de schiste, jusqu'à y consacrer 40 heures par semaine.

Il a prélevé l'échantillon d'eau de fracturation lui-même, tout en dénonçant la facilité avec laquelle il a pu pénétrer dans les installations de Talisman. «Il n'y a pas de clôture, il y a même un escalier qui mène au bord du bassin», a-t-il dit.

Le bassin dans lequel il a puisé son échantillon a valu un avis d'infraction à la société Talisman. Selon une copie de cet avis du 28 octobre obtenu par Radio-Canada et que La Presse a pu consulter, l'eau y était entreposée alors que Talisman devait «expédier les eaux contaminées... à l'usine de traitement des eaux usées de Drummondville».

D'après un deuxième avis d'infraction remis le même jour, le bassin a servi à recueillir l'eau contaminée en provenance de l'autre puits, ce qui constituait une «réception d'eau contaminée sans détenir un certificat d'autorisation».

Moratoire

Comme tant d'autres avant lui, M. Fortier a demandé un moratoire sur l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste, «étant donné le manque d'études sérieuses et indépendantes sur le sujet».

Un nouveau groupe favorable à l'industrie a fait sa première intervention publique hier soir: le Mouvement d'appui au gaz de shale. Son intervention a été saluée par des huées en provenance de manifestants.

En plaidant pour la «proximité» de la ressource gazière québécoise, le Mouvement a invité les participants à imaginer 1000 forages annuels au Québec, ce qui serait tout de même 15 fois moins qu'en Alberta. «Le réflexe naturel et légitime du 'pas dans ma cour' ne devrait pas paralyser une industrie dans son ensemble» ont plaidé ses porte-parole Michel Landry et Damien Adam, qui disent représenter 350 membres.