La Santé publique n'a pas pu évaluer les risques pour la santé que pose le projet d'exploitation du gaz de schiste.

C'est ce constat d'échec qu'ont présenté au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) les directeurs de la santé publique (DSP) des trois régions où se trouve le gisement gazier des shales d'Utica (Montérégie, Centre-du-Québec et Chaudière-Appalaches).

«Actuellement les données disponibles pour évaluer le risque à la santé sont insuffisantes pour bien circonscrire l'ampleur du risque à la santé publique associé aux activités de l'industrie des gaz de schiste au Québec», affirment les directeurs dans leur mémoire.

«On manque beaucoup d'information sur ce qui se fait déjà et on manque totalement d'information sur ce qui s'en vient», a souligné la Dre Jocelyne Sauvé, DSP de la Montérégie.

L'information est insuffisante en particulier en ce qui concerne le rythme de croissance de l'industrie et l'endroit où elle se concentrera.

«Indéniablement, indique-t-on dans le mémoire, cette intensité (de l'activité gazière) aura un impact sur l'importance des risques potentiels: plus il y a de puits et de fracturations et plus les activités se prolongeront dans le temps, plus les risques d'incidents et d'accidents, plus les besoins en eau, les quantités d'eau usée produites, les risques de contamination de l'eau, la contamination de l'air, les nuisances et les impacts psychosociaux risquent d'augmenter, surtout si l'encadrement de ces activités s'avère insuffisant.»

Risque pour l'eau potable

L'absence de données ne veut pas dire pour autant qu'on ne peut pas déterminer des risques potentiels.

«L'eau potable est la préoccupation la plus grande, dit la Dre Sauvé. On sait que l'industrie du gaz de schiste doit compter sur de grandes quantités d'eau et l'été dernier en particulier, les quantités d'eau étaient limitées dans plusieurs communautés.»

«Les produits utilisés dans les forages posent un risque s'ils ne sont pas gérés de façon serrée, a-t-elle ajouté. Ce ne sont pas des exceptions, les cas de contamination. Aux États-Unis, les règles ont été resserrées après 15 ans d'exploitation. Le congrès a commandé une étude à l'EPA.»

La Santé publique nomme aussi la pollution de l'air, le bruit et l'éclairage nocturnes comme des risques pour la santé, comme nuisance notamment.