Deux Québécois sur cinq estiment que la découverte de gaz de schiste au Québec est une mauvaise nouvelle, révèle un sondage CROP.

«C'est énorme, et ça nous a beaucoup surpris, commente le vice-président de la firme, Youri Rivest. Le débat est tellement mal engagé, la couverture médiatique est tellement négative que cela a contaminé l'image du gaz de schiste. La simple découverte de cette ressource est mal perçue.»

CROP a réalisé ce sondage par internet du 15 au 19 octobre. Mille questionnaires ont été remplis.

D'entrée de jeu, ce questionnaire demandait si la découverte du gaz de schiste dans le sous-sol québécois est une bonne ou une mauvaise nouvelle.

Soixante pour cent ont choisi la première option. Mais une proportion importante (40%) accueille mal la découverte de cette ressource. «Si on avait posé la même question il y a un an, je pense qu'il y aurait eu un large consensus pour dire que la découverte de gaz est une bonne nouvelle, estime M. Rivest. Mais aujourd'hui, le débat est mal engagé. Beaucoup de gens ne voient pas les bénéfices et voient surtout les inconvénients.»

Manque de confiance

Les trois quarts des Québécois font peu (34%) ou pas du tout (42%) confiance au gouvernement Charest dans le dossier du gaz de schiste. «Les gens ne sentent pas qu'il est impartial», dit M. Rivest.

Ce taux de confiance est encore plus désastreux pour le gouvernement quand on le compare à celui que récolte l'industrie gazière. Il est presque équivalent: quelque 38% font peu confiance à l'industrie et 43%, pas du tout.

Les Québécois se fient davantage au BAPE, qui mène des audiences publiques sur le gaz de schiste. Quelque 54% ont très (11%) ou assez (43%) confiance en lui alors que 45% ont peu (31%) ou pas du tout (14%) confiance. Soulignons que la portée et la durée du mandat du BAPE, toutes deux fixées par le gouvernement, ont soulevé bien des critiques.

Moratoire

Pour 48% des répondants, le gouvernement devrait imposer un moratoire sur la prospection de gaz de schiste, le temps que le BAPE ait terminé son travail et que de nouvelles règles encadrent l'industrie. C'est la position que défend le Parti québécois.

Vingt-huit pour cent des répondants veulent mieux encadrer l'industrie tout en la laissant poursuivre l'exploration, une position semblable à celle du gouvernement. Le sondage proposait deux autres options: interdire purement et simplement l'exploitation du gaz de schiste (qu'ont choisie 19% des répondants); ou en permettre l'exploitation «car les règles actuelles sont suffisantes» (5%).

Ce sondage alimentera de toute évidence les discussions au Parti québécois, qui tient en fin de semaine un conseil national portant notamment sur l'exploitation des ressources naturelles et le développement durable.