L'Union des municipalités du Québec (UMQ) demande à ses membres d'exercer tous leurs droits face à l'industrie du gaz de schiste. En commençant par refuser d'en traiter les eaux usées.

«Comme l'a fait Saint-Hyacinthe, nous invitons les municipalités à ne pas traiter les eaux usées qui proviennent de cette industrie. Ce serait à elle de s'en occuper. La Cour supérieure a confirmé notre droit d'agir de la sorte en vertu du principe de précaution», explique Éric Forest, maire de Rimouski et vice-président de l'UMQ.

Il juge que le débat est «mal parti» et qu'on assiste à «une escalade d'appréhensions». Son groupe ne demande pas de moratoire. «L'enjeu, ce n'est pas de faire un moratoire ou non. C'est de faire d'abord le tour de la situation, de connaître tous les impacts. Ensuite, si la situation nécessite un moratoire, on en demandera un.»

Pour l'instant, l'UMQ réclame plutôt un changement à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Dans sa version actuelle, elle fait passer les droits miniers - auxquels est assujetti le gaz de schiste - avant ceux des municipalités. «Il faut renverser cela, dit M. Forest. C'est vraiment fondamental pour que les élus municipaux puissent réellement contrôler ce qui se passe chez eux.» Il n'y a pas encore eu de rencontre avec les ministres concernés, Laurent Lessard aux Affaires municipales et Nathalie Normandeau aux Ressources naturelles.

L'UMQ se présentera aussi au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. Elle prépare un mémoire avec la Communauté métropolitaine de Montréal pour examiner notamment les impacts de la prospection et de l'exploitation du gaz de schiste sur la nappe phréatique. Ses membres se rencontreront aussi le 13 octobre pour discuter du sujet.

Des députés du Parti québécois ont convoqué hier la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, pour parler du gaz de schiste. Pierre Arcand, ministre de l'Environnement, s'est présenté à sa place.

Le Parti québécois demande toujours un moratoire. Selon M. Arcand, le PQ a tout simplement déjà fermé la porte à cette industrie.

«Un moratoire, ce n'est pas pour dire non à l'exploitation du gaz de schiste. C'est pour se donner le temps nécessaire pour obtenir les études adéquates», a dit Scott McKay, critique de l'opposition officielle en matière de mines.

M. McKay cite aussi un avis du Centre québécois de droit de l'environnement, qui soutient que Québec pourrait décréter un moratoire sans devoir indemniser l'industrie.

Le groupe Maîtres chez nous 21e siècle (MCN21) soutient qu'un moratoire permettrait au gouvernement de profiter d'une étude que l'Environmental Protection Agency (EPA), des États-Unis, est à réaliser. «C'est une étude de deux ans qui coûtera environ 30 millions. Le Québec n'a pas les moyens de se payer cela. Mais si on décrète un moratoire, on aura en main les conclusions détaillées de l'EPA avant de prendre une décision. Ce serait une bonne idée. D'autres pays comme la France prévoient agir ainsi», a indiqué Daniel Breton, président de MCN21.