Le retard pris par la Floride en matière d'énergie solaire, pourtant abondante dans cette région du sud-est des États-Unis connue pour son ensoleillement, a fait émerger un improbable conglomérat qui milite pour son essor.

Ils sont conservateurs du Tea Party, chrétiens évangélistes, écologistes libéraux ou encore membres du parti libertaire, et dénoncent tous le même «monopole» détenu par les grandes entreprises énergétiques.

Ils forment avec le Sierra Club, la Christian Coalition, l'Evangelical Environment Network, le Physicians for Social Responsibility et Greenpeace USA les nouveaux promoteurs de l'énergie solaire en Floride.

«Certains peuvent penser qu'il s'agit d'un groupe un peu inhabituel de personnes travaillant ensemble, mais nous partageons simplement du bon sens», explique l'écologiste David Cullen, du Sierra Club Florida. Pour lui, le réchauffement climatique est la principale motivation pour délaisser les énergies fossiles, très largement utilisées par les Américains, car bon marché.

Le problème, disent-ils, est que la Floride reste l'un des cinq États américains qui interdisent formellement la vente d'énergie par quiconque ne fait pas partie des grandes entreprises. Les particuliers ne peuvent ainsi pas vendre leur surplus d'énergie produite, sauf à ces grosses compagnies.

«En fait, ils interdisent le commerce dans le domaine du solaire», déplore Tory Perfetti, président de Floridians for Solar Choice et directeur pour la Floride de Conservatives for Energy Freedom.

2,2 % du marché

«C'est ce à quoi cette initiative va servir. Ouvrir le marché de l'énergie en Floride, donner le choix aux citoyens», ajoute-t-il alors qu'il collecte des signatures pour une pétition dans la petite localité de St Petersburg.

S'il réunit 700 000 signatures - il dit en avoir déjà récolté 100 000 en un mois -, un référendum pourra être organisé en 2016 pour autoriser les particuliers à vendre l'énergie solaire directement aux consommateurs.

La Floride, surnommée le «Sunshine State (l'État ensoleillé)», est au 13e rang des États de l'Union pour les installations solaires, derrière le leader, la Californie, mais aussi des petits États du Nord-Est comme le New Jersey et le Massachusetts, selon la Solar Energy Industries Association.

D'après l'administration américaine, la plus grosse partie de l'électricité produite dans l'État l'est à partir du gaz naturel (62 %) et du charbon (21 %). Le nucléaire représente quant à lui 12 % et le solaire seulement 2,2 %, le reste des énergies renouvelables se partageant les miettes du marché.

Pour l'instant, si un particulier qui a installé des panneaux solaires sur son toit produit plus qu'il ne consomme, la Florida Power and Light (FPL) lui fait parvenir un chèque. Mais la FPL paie entre 3 et 5 cents par kilowatt pour ce surplus, tandis qu'elle le revend 10 cents.

«La FPL dicte les prix», regrette Raul Vergara, président de Cutler Bay Solar Solutions. «Dans les États où la législation a changé, le prix moyen est de 11 à 12 cents par kilowatt.»

«Ça envoie du lourd»

Le mouvement espère par ses efforts réussir à mettre en place des accords pour l'achat d'énergie («power-purchasing agreements») en Floride, par le biais desquels les particuliers pourront installer des panneaux sur leur toit sans avoir à s'acquitter de lourds frais et en ayant la possibilité de revendre cette énergie.

Ils pourraient ainsi la revendre à leurs voisins, leurs locataires ou des sociétés privées.

«Dans d'autres États où ce type d'ententes sont autorisées, le développement du marché solaire a explosé : ça envoie du lourd», s'enthousiasme George Cavros, de la Southern Alliance for Clean Energy.

La FPL, le plus grand distributeur d'énergie en Floride, n'a pas souhaité répondre aux questions de l'AFP.

Le numéro 2, Duke Energy, prédit que l'énergie solaire «prendra une part importante des énergies du futur en Floride», mais que de nombreux obstacles se dressent encore sur sa route. Contrairement au gaz naturel, le solaire ne produit pas d'énergie la nuit. Cette électricité ne peut pas non plus être stockée de manière rentable et crée parfois des sautes d'intensité sur le réseau, note un porte-parole.

«Même si les prix du solaire ont baissé de manière flagrante ces dernières années, il reste toujours plus cher que les moyens traditionnels de produire de l'électricité», ajoute-t-il.

Cela n'a pas empêché Mark Heise d'installer des panneaux sur son toit. Cet avocat, qui possède une maison dans la banlieue sud de Miami, les a payés 40 000 $ (28 000 après déduction fiscale) et voit sa facture énergétique baisser.

«Cela valait vraiment le coup», confie-t-il. «Mois après mois, je prends conscience du bénéfice que j'en tire et mes enfants comprennent qu'il est important de prendre soin de notre environnement».