Les 13 enfants d'Elisabeth, aujourd'hui grand-mère, sont nés à la lumière des bougies. Sa fille, qui vient d'accoucher, a plus de «chance»: dans l'hôpital de brousse malgache d'Antsahadinta, l'énergie solaire a révolutionné les accouchements de nuit.

A l'écart du réseau électrique national, de nombreux hôpitaux de brousse malgaches jouissent en effet depuis quatre ans de l'électricité grâce à l'installation de panneaux solaires.Petit village à 20 kilomètres à l'ouest de la capitale Antananarivo, le centre de santé de base (CSB) d'Antsahadinta a en charge près de 12.000 personnes et accueille jusqu'à 400 patients par mois.«Mes 13 enfants sont nés dans l'ancien hôpital, souvent à la lumière de petites flammes; ma fille a de la chance de donner naissance dans ces conditions», explique ainsi à l'AFP Elisabeth Razafindrataka, grand-mère de 53 ans, qui accompagne sa fille venant d'accoucher de nuit de son premier enfant.Elle raconte qu'il y a encore quelques années, il fallait apporter ses propres bougies quand on devait accoucher de nuit.Malgré sa proximité de la capitale, Antsahadinta ne sera pas raccordé au réseau électrique avant plusieurs années.Le réseau électrique de Madagascar, l'un des pays les plus pauvres du monde, est encore très limité: 43% du territoire est couvert par la compagnie nationale d'eau et d'électricité (Jirama). Selon un rapport de l'ONU de 2006, seulement 3% de la population rurale est reliée à ce réseau.La santé financière précaire de la Jirama, qui a du mal à assurer sa mission même dans certains grands centres urbains, et la pauvreté généralisée de la population malgache, expliquent ce retard en terme d'équipement et de raccordement.Quand le centre de santé d'Antsahadinta a été reconstruit en 2004, le Fonds d'intervention pour le développement (FID), une association privée d'utilité publique en partie financée par le gouvernement, l'a retenu pour son programme d'installation de panneaux solaires.Trois panneaux y fournissent désormais une puissance maximale de 400 watts.«Cela facilite grandement notre travail, notamment pour les accouchements qui ont lieu à 80% la nuit», se réjouit Mamy Rakotondrainibe, médecin chef du centre.Chaque pièce est désormais équipée d'ampoules. Le centre a également pu abandonner le groupe électrogène qui alimentait le réfrigérateur contenant les vaccins et médicaments, mais consommait 30 litres de pétrole par mois et causait des nuisances sonores.«Les bénéficiaires ont exprimé une réelle satisfaction et la tendance est à la recherche d'énergies alternatives», commente de son côté Rasendra Ratsima, directeur général du FID.A l'aide de financements de la Banque mondiale, le FID a décidé de lancer une nouvelle vague d'installations photovoltaïques dans 27 nouveaux CSB, pour un montant de 1,3 milliard d'ariary (520.000 euros).L'initiative semble donc être un succès et une réponse adaptée à l'isolement de la majorité des CSB.Le centre d'Antsahadinta fait cependant toujours face à une dernière difficulté de taille: l'absence d'eau courante. Le personnel en est réduit à bouillir l'eau non potable d'un puit avoisinant.«Le problème, désormais, c'est l'eau. Il n'y a aucun robinet dans tout le CSB, nous avons seulement un puits de 20 mètres de fond», déplore ainsi le docteur Rakotondrainibe.