Un réchauffement mondial de 2°C pourrait suffire à faire fondre des pans de l'immense calotte de l'Antarctique Est, entraînant une élévation globale des mers de plusieurs mètres, selon une étude publiée mercredi dans Nature.

Les experts se sont jusqu'ici intéressés particulièrement à l'ouest du continent blanc, qui participe largement à la fonte actuelle. Mais la calotte Est, la plus grande du monde, qui renferme environ la moitié de l'eau douce du globe, compte aussi des parties sous l'eau, ce qui la rend très vulnérable au réchauffement.

Des chercheurs ont étudié les couches de sédiments marins déposés lors de la dernière fonte du bassin de Wilkes, il y a environ 125 000 ans. Et ils ont découvert que +2°C suffirait à faire repartir la fonte de ce bassin glaciaire.

«C'est la première fois que nous voyons une démonstration directe de la manière dont cette partie de la calotte a pu changer dans le passé sous l'effet d'un réchauffement assez modéré», explique l'auteur principal, David Wilson, de l'Imperial College.

«L'ampleur des changements cette fois-ci dépendra de l'ampleur du réchauffement, mais à +2°C environ on verra du changement».

L'accord de Paris adopté en 2015 par la communauté internationale vise à limiter le réchauffement à moins de 2°C par rapport au niveau de la Révolution industrielle -  sachant que sur ces +2°C, la planète a déjà gagné 1°C.

Selon l'équipe, si le mercure se maintient à +2°C pendant plusieurs centaines d'années, la glace de Wilkes disparaîtra, élevant le niveau global des mers d'environ 4 m.

Or si les émissions de gaz à effet de serre gardent leur tendance actuelle, la Terre dépassera de loin ces 2°C, pour atteindre +3°, voire 4 à 5°C.

L'équipe a étudié des échantillons de sédiments tirés de plusieurs périodes interglaciaires, remontant jusqu'à 450 000 ans, autant de périodes où le niveau des océans était supérieur de plusieurs mètres au niveau actuel.

«Il paraît probable que la perte de glaces de la calotte Est-Antarctique ait contribué à ces niveaux océaniques», souligne un autre auteur de l'étude, Kevin Walsh, de l'Université du Queensland.

Mais si la Terre a plusieurs fois connu des températures supérieures aux températures actuelles, le réchauffement d'aujourd'hui, lié aux activités humaines, est une tout autre histoire, souligne David Wilson.

«L'échelle de temps des cycles interglaciaires était de dizaines de milliers d'années. Aujourd'hui nous parlons de situations qui pourraient être atteintes d'ici la fin du siècle», dit-il.

Pour lui, «avec des températures mondiales qui ont déjà atteint +1°C, la perte de glaces semble inévitable si nous n'arrivons pas à réduire nos émissions».