Le retrait des États-Unis de l'accord de Paris sera largement responsable d'une hausse de la température mondiale de 3,2 °C d'ici à 2100 par rapport à l'ère préindustrielle, contre 2,8 °C s'ils respectaient leurs engagements initiaux de réduction des gaz à effet de serre, a indiqué mercredi l'ONG Climate Action Tracker.

Sous l'impulsion de l'administration Obama, les États-Unis, deuxième émetteur mondial après la Chine, s'étaient engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 26 à 28 % d'ici à 2025 par rapport à leur niveau de 2005, afin de contribuer à contenir le réchauffement.

La communauté internationale s'est fixé pour objectif dans l'accord de Paris, conclu en 2015, une limitation de la hausse des températures à 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle.

«À cause, essentiellement, de l'annonce du retrait des États-Unis de l'accord» par le président Donald Trump en juin, on constate «une détérioration importante des progrès» attendus en matière de réchauffement climatique, indique l'ONG dans un rapport rendu public en marge de la conférence climat de l'ONU, la COP23, à Bonn.

«Si tous les gouvernements (sauf les États-Unis, NDLR) mettaient complètement en oeuvre les engagements (de réduction des GES) qu'ils ont pris dans le cadre de l'accord de Paris, la hausse prévue de la température mondiale en 2100 serait de 3,2 °C par rapport au niveau de la période préindustrielle», selon Climate Action Tracker.

En 2016, la prévision était de + 2,8 °C.

Cette détérioration est «largement due au fait que les États-Unis tournent le dos à leur objectif à l'horizon 2030 et à leur objectif à long terme» (2050), estime l'ONG.

La Chine et l'Inde, respectivement premier et quatrième émetteurs mondiaux de GES, ont en revanche «fait des progrès significatifs» l'année dernière.

Selon les projections de CAT, les politiques climatiques menées dans ces deux pays «conduisent à une baisse de 0,2 °C du réchauffement».

«On voit clairement qui sont les leaders: face à l'inaction américaine, la Chine et l'Inde passent à la vitesse supérieure», souligne Bill Hare, de l'institut de recherche Climate Analytics. «Tous deux doivent cependant revoir et renforcer les engagements qu'ils ont pris à Paris».

Selon CAT, qui a étudié 32 pays représentant 80 % des émissions mondiales, ces dernières «devraient augmenter de 9 à 13 % entre 2020 et 2030, à cause de la hausse des émissions prévue dans des pays comme la Turquie, l'Indonésie et l'Arabie saoudite». Dans 17 des 32 pays analysés, «les émissions vont croître de plus de 20 % durant cette période».