Réorganiser la structure de commandement pour gagner la guerre : c'est ce que veut faire un groupe d'universitaires dans la lutte que mène le Québec contre les changements climatiques. Soutenus notamment par le scientifique en chef, les experts lancent un processus au terme duquel ils espèrent proposer un nouveau modèle pour coordonner les efforts environnementaux.

« Malgré un soutien parmi la population et le monde politique qui est réel, le Québec n'arrive pas à atteindre ses objectifs et à faire face aux défis environnementaux auxquels il est confronté, explique le physicien Normand Mousseau, l'instigateur de l'initiative. Ce n'est pas un problème technologique : c'est un problème politique. Ces problèmes touchent de nombreux secteurs de notre économie et de notre action politique et on n'arrive pas à agir de manière cohérente. »

Comment mieux coordonner les efforts ? Pour le savoir, M. Mousseau et ses acolytes ont invité une vingtaine d'experts à réfléchir à la question. Le groupe compte autant des spécialistes en gouvernance et en gestion que des experts en environnement. On y trouve notamment Yvan Allaire, de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques, Claude Villeneuve, expert des changements climatiques à l'Université du Québec à Chicoutimi, et Luc Godbout, fiscaliste bien connu de l'Université de Sherbrooke.

Une poignée d'autres noms devrait s'ajouter au cours des prochains jours. Tous les partis politiques ont aussi été invités à participer à l'exercice (pour l'instant, seul le Parti québécois a accepté formellement). Le groupe compte accoucher d'une proposition dès l'automne, qu'il présentera ensuite au cours d'une consultation publique à l'hiver. L'initiative devrait aboutir par un « forum national » au printemps prochain.

VERS UN NOUVEAU MODÈLE

Normand Mousseau explique que l'objectif est d'accoucher d'un nouveau « modèle québécois de gouvernance » qui s'assurerait d'abord de générer des données scientifiques, puis d'élaborer des plans d'action et d'en assurer le suivi. Le groupe vise évidemment à s'attaquer à la réduction des gaz à effet de serre, mais compte aussi toucher aux questions de développement durable et de biodiversité.

« Les inondations du printemps dernier ont montré des problèmes de coordination importants », illustre par exemple Normand Mousseau.

Le groupe, qui se décrit comme « non partisan », dispose d'un budget d'environ 80 000 $. L'Institut de l'énergie Trottier et l'Institut du Nouveau Monde font partie des partenaires financiers. Les Fonds de recherche du Québec, dirigés par le scientifique en chef Rémi Quirion, soutiendront aussi financièrement la consultation publique.

« Le projet de M. Mousseau s'inscrit dans la volonté du scientifique en chef de développer le lien entre science et politique », explique-t-on du côté des Fonds de recherche.

« On veut mettre une proposition sur la table, résume de son côté Normand Mousseau. On n'a pas la prétention de dire que ce sera une proposition finale, mais on veut forcer le débat. »