Les partenaires des États-Unis au sein du G7 ont promis dimanche de poursuivre leurs efforts pour protéger le climat, à l'ouverture d'une réunion de deux jours à Bologne où l'Américain Scott Pruitt s'est contenté d'un passage éclair.

Cette discrétion affichée américaine intervient après l'annonce du retrait de Washington de l'accord de Paris sur le climat, qui a suscité un tollé mondial.

Scott Pruitt, qui est le patron controversé de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA,) n'a cependant pas été le seul: l'Allemande Barbara Hendricks devait repartir dans la soirée, tandis que le Français Nicolas Hulot, attendu seulement lundi, ne figurera pas sur la photo de famille prise dans la matinée.

«Nous sommes en train de faire un travail très important pour retisser des relations», a cependant assuré à la presse le ministre italien de l'Environnement, Gian Luca Galletti. «Nous avons déjà obtenu un résultat parce que nous continuons à parler».

Malgré tout, «les positions exprimées au départ resteront en l'état, là-dessus il n'y a pas de doute, mais je pense aussi que nous avons fait un pas en avant vers le dialogue», a-t-il ajouté.

La question du climat a brisé fin mai l'unité du G7 pour la première fois de son histoire lors du sommet des dirigeants à Taormina (Sicile), avec un Donald Trump résolu à jouer sa propre partition.

Il était représenté dimanche à Bologne par M. Pruitt, qui s'est montré tout sourire devant les caméras, mais n'a fait aucune déclaration publique. Ancien opposant fervent, au niveau local, à de nombreuses initiatives environnementales, il a été l'un des partisans les plus fervents de la sortie des États-Unis de l'accord de Paris.

Un parcours à l'inverse de celui du ministre français, figure de longue date de la défense de l'environnement. Mais M. Hulot étant retenu en France dimanche par les élections législatives, les deux hommes ne se croiseront pas.

Leurs délégations en revanche devaient participer jusqu'à lundi après-midi à une série de tables rondes à huis clos dans un hôtel à la périphérie de la ville, avec l'accord de Paris sur le climat au centre des discussions.

Doutes sur le communiqué final

Il s'agira de voir si les États-Unis ont «plus de choses concrètes» à proposer, a expliqué à l'AFP un porte-parole de la ministre allemande de l'Environnement, Barbara Hendricks.

Dans ces conditions, même le traditionnel communiqué final est remis en question. La délégation américaine peut se contenter d'émettre des réserves sur certains points de la déclaration, ou tout bloquer, ce qui serait une première.

En face, les six autres pays semblent déterminés et assurent que la rhétorique de M. Trump ne changera pas la donne. «Le monde est déjà en train de tourner le dos au carbone», a souligné le ministre japonais, Koichi Yamamoto.

«Pour nous, il est très clair que nous devons continuer à aller de l'avant dans l'application de l'accord de Paris», a insisté devant la presse à Bologne Patricia Espinosa, chargée du climat auprès du secrétaire général de l'ONU.

À l'ouverture des débats dimanche matin, la ministre canadienne, Catherine McKenna, s'est engagée à travailler «avec tous les acteurs» notamment non étatiques qui le souhaitent, en référence aux villes et États américains opposés à la décision de M. Trump.

Dans cette ligne, l'Allemagne et la Californie ont convenu samedi d'oeuvrer ensemble pour maintenir les objectifs de l'accord de Paris.

«Les marchés reconnaissent qu'il y a une opportunité économique qui vaut des dizaines de milliards de dollars. Au Canada, comme dans tous vos pays, nous voulons créer de bons emplois, soutenir la classe moyenne, faire croître notre économie, et la croissance propre est une véritable opportunité», a aussi fait valoir Mme McKenna.

Toute la semaine à Bologne, des initiatives de la société civile ont également mis l'accent sur la défense du climat, de la croissance durable ou encore des océans.

Dimanche après-midi, plusieurs centaines de manifestants étaient réunis dans le centre de Bologne, «au nom du peuple pollué», pour reprendre les termes d'une banderole.

«Trump a révélé ce qui se cache derrière la rhétorique du G7 de l'environnement. Ils veulent un changement qui convienne aux intérêts des grandes entreprises. Ce n'est pas notre modèle. Ils représentent les 1 % (les plus riches), nous les sept milliards», a expliqué à l'AFP Giacomo Cossu, l'un des organisateurs.