Le penchant climatosceptique du président désigné des États-Unis, Donald Trump, n'est pas sans inquiéter le premier ministre Philippe Couillard.

Ce déni du réchauffement de la planète s'ajoute à d'autres sources d'inquiétude provenant du sud, nommément les visées protectionnistes de M. Trump, qui risquent de nuire à l'économie du Québec.

«La communauté internationale est quand même préoccupée par les orientations qui semblent se dessiner» aux États-Unis, a commenté le premier ministre Couillard en point de presse lundi matin, en marge de sa participation au Forum de l'Arctic Circle, événement international sur les questions de développement nordique qui se termine mardi à Québec.

Durant la récente campagne électorale américaine, Donald Trump a qualifié le réchauffement planétaire de mythe et de canular. Un des seuls leaders de la planète à nier l'importance des changements climatiques, M. Trump a nommé un climatosceptique à la tête de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), Scott Pruitt, fervent défenseur des énergies fossiles et détracteur reconnu de l'EPA et de ses réglementations.

«Avoir des gens qui sont connus comme climatosceptiques en place à des niveaux élevés dans l'administration américaine est de nature à nous inquiéter», a convenu le premier ministre.

Les climatosceptiques auraient intérêt à aller passer une semaine dans le Grand-Nord pour voir les effets tangibles des changements climatiques, a-t-il suggéré dans son allocution d'ouverture des travaux du forum.

M. Couillard a cherché à se faire rassurant, malgré ses craintes. Quelles que soient les orientations prises par les Américains, cela ne changera rien aux engagements pris par le Québec en matière de lutte au réchauffement de la planète et aux gaz à effet de serre (GES), car il serait «beaucoup plus coûteux de ne pas agir que d'agir» en ce domaine, a-t-il soutenu, en ajoutant que pendant que les États-Unis tergiversent «les pays du monde se mobilisent». «Le monde entier est en mobilisation» sur cette question, à ses yeux.

C'est surtout sur le plan du commerce international que le changement de garde à la tête des États-Unis risque d'avoir un impact négatif direct sur la population du Québec, a-t-il dit craindre, promettant de suivre de près deux dossiers dans les prochains mois: l'issue des négociations en cours sur le bois d'oeuvre, un dossier «très important pour le Québec», et la possibilité de devoir renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

«S'il y avait des choses qui vont avoir des impacts directement sur la vie des Québécois, c'est certainement la question du commerce international, beaucoup plus que les autres questions», selon lui.

Prudent, il a dit cependant qu'il valait mieux attendre que M. Trump soit assermenté président, le 20 janvier, avant de savoir véritablement où il loge sur ces questions.

Il y a des raisons d'être inquiet dans le dossier de la lutte aux changements climatiques, en constatant que le futur président américain «ne semble pas vouloir se donner les mêmes standards en matière de réduction des GES» que ce qui se fait ailleurs, ce qui pourrait nuire à la compétitivité des entreprises québécoises, a commenté de son côté le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault.

Dans son allocution, M. Couillard a vanté le Plan Nord du Québec, qui selon lui fait école à l'étranger. En point de presse, il a affirmé que cet ambitieux projet de développement durable du Nord, initié par l'ex-premier ministre Jean Charest et «interrompu» par l'ex-première ministre Pauline Marois, allait prendre son envol avec l'annonce de plusieurs grands projets d'investissement «probablement au cours de l'année 2017».

«Il y a de grands projets qui s'en viennent encore en 2017» en relation avec le Plan Nord, a-t-il promis, sans vouloir en identifier un seul.

Il attribue au gouvernement Marois le fait que le Plan Nord peine à donner des résultats tangibles.

Mais un regain d'activité attendu dans le secteur minier, frappé depuis des années par une baisse du prix des métaux, devrait inverser la tendance et «porter ses fruits».

Mardi, en compagnie du recteur de l'Université Laval, Denis Brière, et du maire de Québec, Régis Labeaume, le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, va par ailleurs préciser les orientations du futur Institut nordique du Québec.

Le quatrième Forum de l'Arctic Circle a pour thème: «Le développement durable des régions nordiques: une approche intégrée et partenariale». Il a pour but de définir les priorités communes d'action à l'échelle internationale.

Parmi les conférenciers invités, notons l'ex-président de l'Islande et président fondateur de l'Arctic Circle, Olafur Ragnar Grimsson, et le Prince Albert II de Monaco.