Le réchauffement climatique menace la survie des rennes en Sibérie, privés de nourriture par des pluies glaçantes, et celle de leurs éleveurs Nénetses, un des derniers peuples nomades d'Europe, a indiqué jeudi le responsable d'une étude scientifique.

La fonte de la banquise arctique est à l'origine de deux épisodes de fortes pluies en Sibérie occidentale qui, en 2006 et 2013, ont couvert d'une pellicule de glace les terres enneigées sur lesquelles paissent les rennes. Incapables de gratter le sol pour y brouter le lichen, des dizaines de milliers d'entre eux sont morts de faim.

Si ces pluies glaçantes devaient sévir plus fréquemment, les Nénetses perdraient leur moyen de subsistance, et seraient condamnés à abandonner l'élevage nomade pour se sédentariser.

Selon le professeur Bruce Forbes, responsable de l'étude réalisée par le Centre arctique de l'Université de Laponie en Finlande, l'épisode particulièrement « intense et calamiteux » de 2013 a entraîné la mort de 61 000 rennes, plus d'un cinquième du cheptel de la péninsule du Yamal.

« Il n'y avait aucun moyen de briser (la glace) qui s'étendait sur une centaine de kilomètres. Les animaux sont peu à peu morts de faim », explique-t-il à l'AFP.

Comme d'autres peuples du Grand Nord russe, les Nénetses ont préservé les cultes chamaniques, leurs traditions artistiques ainsi que leurs pratiques de chasse et d'élevage.

Mais ils vivent le plus souvent dans des conditions misérables et certaines familles ayant perdu tous leurs rennes en 2013 ne sont toujours pas remises, selon l'étude parue cette semaine dans le Biology Letters Journal.

« Il faut des années pour reconstituer un troupeau », souligne Bruce Forbes.