Salaheddine Mezouar, le ministre marocain des Affaires étrangères qui préside la COP22 à Marrakech, a assuré vendredi qu'il n'y aurait pas de retour en arrière dans la lutte contre le réchauffement climatique, quelle que soit la future politique des États-Unis sur cette question.

« Il sera, à mon sens, extrêmement difficile qu'il y ait des reculs ou des retours en arrière », a-t-il déclaré dans un entretien avec l'AFP, deux jours après la victoire de Donald Trump, qui a nié le rôle de l'homme dans le changement climatique et a dit ne pas vouloir respecter l'accord de Paris.

Le président désigné Donald Trump a qualifié le réchauffement climatique de canular monté par la Chine pour se donner un avantage économique sur les Américains et a promis en campagne électorale de retirer les États-Unis de l'accord sur le climat conclu à Paris et de faire marche arrière sur d'autres mesures adoptées par l'administration Obama pour lutter contre les changements climatiques.

À Marrakech, un représentant de Pékin a affirmé en entrevue à l'agence Reuters qu'un tel cas de figure permettrait à la Chine de se positionner en tant que leader mondial dans le dossier du changement climatique ce qui aidera la Chine « à améliorer son image à l'internationale et lui permettra de se positionner en tant que leader moral ».

« L'action de la communauté internationale ne s'arrêtera pas à cause du nouveau gouvernement des États-Unis », a ajouté Zou Ji, directeur adjoint du Centre national pour la stratégie sur le changement climatique.

« La question climatique est une question qui interpelle le monde entier, c'est notre Terre qui est concernée et menacée », a rappelé ce responsable, dont le pays accueille du 7 au 18 novembre à Marrakech des représentants de plus de 190 pays pour s'entendre sur la mise en oeuvre du pacte scellé l'an dernier.

Le ministre marocain a mis en avant « l'extraordinaire mobilisation que la COP de Marrakech enregistre auprès de la communauté internationale », des pays comme « des acteurs non étatiques qui sont mobilisés aujourd'hui ».

Une soixantaine de chefs d'État étant attendus mardi prochain à Marrakech, Salaheddine Mezouar a assuré que « beaucoup d'États (allaient) annoncer l'augmentation de leur ambition la semaine prochaine ».

Les engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre annoncés par les pays avant la COP21 ne permettront pas de limiter le réchauffement à 2°C - plutôt à entre trois et quatre degrés -, d'où la nécessité d'une action plus ambitieuse.

Avec cette préoccupation en tête et après l'élection surprise de Donald Trump, une douzaine de ministres (France, Allemagne, Maroc, Norvège, Suède, Bangladesh, Gambie, etc.), ainsi que le commissaire européen à l'Énergie et au Climat Miguel Arias Canete et le porte-parole du groupe des pays les moins avancés Tosi Mpanu-Mpanu, ont réaffirmé vendredi leur volonté de renforcer l'action de tous pour limiter les dérèglements climatiques.

« Notre détermination à faire preuve de leadership pour le climat est inébranlable, de même que notre engagement à travailler avec toute la communauté internationale, y compris les États-Unis, pour faire face à l'un des plus grands défis de notre époque », ont-ils écrit.

« Cela doit redoubler notre volonté (...) c'est même l'occasion d'un sursaut », a déclaré à l'AFP Ségolène Royal, la ministre française de l'Environnement et ex-présidente de la COP, pour qui « l'accord de Paris doit continuer à monter en puissance dans le déploiement des actions et dans les ratifications ».

Sur les 196 pays membres de la Convention de l'ONU sur le climat, 105 - représentant plus de 70 % des émissions - ont ratifié l'accord.

-Avec Reuters et lapresse.ca