L'Inde, troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre, a annoncé avoir ratifié dimanche l'accord de Paris sur le climat, ce qui va permettre une entrée en vigueur «dans un temps record», selon la présidente de la COP21 Ségolène Royal.

Le document ratifié par New Delhi a été déposé au siège des Nations unies à New York. C'est un «grand pas pour les initiatives face aux changements climatiques», a écrit le ministre de l'Environnement indien Anil Madhav Dave sur son compte Twitter.

«Sa ratification va permettre une entrée en vigueur de l'accord en un temps record», conformément aux engagements pris lors de la COP», a déclaré, depuis Paris, la présidente de la COP21 et ministre française de l'Environnement Ségolène Royal à l'AFP New Delhi.

Avec l'Inde et ses quelque 4% d'émissions mondiales, un total de 62 pays représentant près de 52% des émissions mondiales a désormais ratifié l'accord visant à contenir le réchauffement climatique sous le seuil de 2°C par rapport au niveau préindustriel.

Les conditions de son entrée en vigueur sont donc quasiment remplies: l'accord conclu à Paris par 175 pays en décembre 2015 doit être ratifié par au moins 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre.

Et l'Union européenne (12% des émissions), soucieuse de ne pas apparaître à la traîne, s'apprête à emboîter le pas en ratifiant le document dans les jours à venir, au terme d'une procédure accélérée.

La Chine et les États-Unis, les deux pays les plus pollueurs, ont contribué à accélérer le processus en ratifiant le texte début septembre.

Remerciant «chaleureusement» l'Inde, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé «toutes les parties à accélérer leurs procédures internes pour rejoindre l'accord aussi vite que possible cette année», selon un communiqué de ses services.

Aucune cérémonie n'est prévue en Inde. Mais soucieux de peaufiner son image écologique, le gouvernement du nationaliste hindou Narendra Modi a choisi la date symbolique du 2 octobre, jour anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi, pour ratifier l'accord.

Le dirigeant du mouvement pour l'indépendance de l'Inde a vécu une existence marquée par une faible empreinte carbone, avait déclaré M. Modi pour expliquer ce choix.

«Avoir choisi le jour anniversaire du Mahatma Gandhi est un magnifique symbole, car le combat pour le climat est un combat pour la paix», a salué dimanche Mme Royal. Le président français François Hollande a lui souligné le «rôle moteur» de l'Inde dans la lutte contre le réchauffement climatique.

«Gandhi croyait en un monde digne de nos enfants. En rejoignant l'accord de Paris, @narendramodi et les Indiens transmettent cet héritage», a écrit le président américain Barack Obama sur son compte twitter.

Pari du solaire

Pour améliorer son empreinte écologique, l'Inde, qui dépend fortement de ses très polluantes centrales au charbon totalisant près de 60% de sa production d'électricité, fait du solaire la pierre angulaire de sa stratégie.

Elle s'est fixé le très ambitieux objectif de porter sa production solaire à 100 gigawatts en 2022, soit une multiplication par plus de dix de ses capacités actuelles.

Narendra Modi est également à l'origine avec la France de l'Alliance solaire mondiale, destinée à promouvoir cette énergie renouvelable, qui devrait rassembler 120 pays et avoir son siège en banlieue de Delhi.

Ségolène Royal a annoncé dimanche qu'elle allait «signer dans les jours prochains les statuts de la coalition solaire mise en place par la France et l'Inde à la COP21» et que le «premier projet est lancé».

Si les experts reconnaissent l'engagement véritable du gouvernement Modi en faveur des énergies renouvelables, sa politique en matière d'environnement laisse encore à désirer, selon eux.

«L'Inde est l'une des rares grandes économies qui n'a pas fait la promesse de sortir du charbon», note Joydeep Gupta, directeur du site The Third Pole, spécialisé sur les questions environnementales et climatiques en Asie du Sud.

Et «leur attitude n'est pas favorable aux militants écologistes», ces derniers étant perçus comme des obstacles à la croissance par un gouvernement arrivé au pouvoir en 2014 avec une image pro-business, explique-t-il.

En 2015, Greenpeace India s'était ainsi vu retirer la licence lui permettant d'obtenir des fonds de l'étranger, avant de voir annuler son permis de travailler dans le pays.