Barack Obama a opté pour un week-end en famille dans le Parc national de Yosemite. Pour sa beauté à couper le souffle. Mais aussi pour vanter son bilan et redire l'urgence d'agir sur le climat.

Rappelant que le concept de Parc national était souvent appelé «la meilleure idée de l'Amérique», le président des États-Unis a insisté samedi sur la nécessité de poursuivre les efforts engagés depuis un siècle, en prenant aussi en compte les bouleversements en cours.

«Le changement climatique n'est plus seulement une menace, c'est déjà une réalité», a-t-il mis en garde, lors d'une allocution devant les spectaculaires Yosemite Falls (740 mètres au total), plus grandes chutes d'eau du parc.

Premier président américain en exercice à se rendre dans cet écrin naturel depuis John F. Kennedy en 1962, M. Obama a fait de la protection des espaces naturels l'une des signatures de ses années à la Maison-Blanche.

Depuis 2009, il a protégé plus de 100 millions d'hectares, sur terre et en mer, à travers le pays, plus qu'aucun de ses prédécesseurs (une large partie est liée à un sanctuaire marin autour d'îles et d'atolls dans le Pacifique).

Il s'est appuyé pour ce faire sur l'Antiquities Act, loi signée en 1906 par Theodore Roosevelt, ardent défenseur de la préservation des ressources naturelles.

«Je suis fier d'avoir bâti sur le travail de plusieurs géants», a-t-il lancé, évoquant notamment ce dernier.

Cette loi permet au président d'agir vite pour préserver des espaces menacés, qui peuvent ensuite être transformés en Parcs nationaux lorsque le Congrès s'empare du dossier. Le Grand Canyon, la Vallée de la Mort (Death Valley) et des pans entiers de l'Alaska en ont bénéficié.

Seize présidents y ont eu recours avant lui. Seuls trois, tous républicains, n'en ont pas fait usage: Richard Nixon, Ronald Reagan, et George H. W. Bush.

D'ici son départ en janvier, M. Obama pourrait trancher sur d'autres projets qui l'attendent sur son bureau. En bonne place: l'expansion de la réserve marine de Papahanaumokuakea, à Hawaï, créée il y a dix ans par George W. Bush, qui abrite nombre d'espèces endémiques.

Au fil des décennies, ces désignations ont parfois été source de polémiques dans la mesure où elles sont notamment synonymes d'interdiction de nouveaux forages et exploitations d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon).

Mais les quelque 400 Parcs nationaux que comptent les États-Unis restent une réelle attraction: ils ont accueilli plus de 305 millions de personnes en 2015, un record.

«Spectaculaire !»

«Spectaculaire !», a lancé le président en visitant vendredi les grottes de Carlsbad, perdues dans les paysages montagneux et arides du Nouveau-Mexique.

«C'est pas cool ?», a-t-il ajouté en se tournant vers les journalistes dans un message qui semblait plutôt destiné à emporter l'adhésion de ses deux filles adolescentes, Malia et Sasha.

Quelques heures plus tard, à l'issue d'un survol spectaculaire d'une série de cascades, dômes et pics de granit, la «First Family» rejoignait le parc de Yosemite, dans l'est de la Californie.

Ce voyage en famille, qui rappelle celui effectué à l'été 2009 à Yellowstone au début de son premier mandat, vise aussi à marquer, avec un peu d'avance, le centenaire de la création des Parcs nationaux.

Mais à sept mois de son départ, les ONG environnementales appellent le président démocrate à ne pas s'arrêter là.

«Ce qu'il a fait est significatif», estime Sharon Buccino, du National Resources Defense Council (NRDC).

«Mais son bilan en matière de protection des espaces sera réellement jugé à l'aune de ce qu'il fera dans le temps qui lui reste», ajoute-t-elle dans un entretien à l'AFP.

Ce long week-end familial loin de Washington intervient à l'issue d'une semaine endeuillée par la fusillade d'Orlando, la plus meurtrière jamais enregistrée sur le sol américain.

Avant de s'envoler pour l'Ouest afin de défendre son bilan environnemental, M. Obama a par ailleurs essuyé une rude mise en cause sur une partie nettement plus controversée de son bilan: la Syrie.

Une cinquantaine de diplomates du département d'État ont formé un groupe «dissident», qui critique le «statu quo» et réclame que les États-Unis frappent militairement le régime de Bachar al-Assad.