Une coalition de gens d'affaires et d'environnementalistes a proposé hier un plan d'action en 42 points pour réduire l'empreinte écologique du transport individuel ou commercial au Québec et amener ce secteur d'activités à «faire sa part» dans la lutte contre les changements climatiques.

Dans un rapport présenté hier par Switch, l'Alliance pour une économie verte, une quinzaine d'entreprises et d'organismes, dont Gaz Métro, la Fondation David Suzuki, Équiterre et le Conseil du patronat du Québec, pressent le gouvernement de «transformer de fond en comble» le secteur des transports, qui produit présentement à lui seul près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec.

Le plan de Switch, qui comprend 42 recommandations regroupées sous 13 «leviers» d'action, mise principalement sur le développement des transports collectifs et l'utilisation de véhicules moins énergivores.

Mais il recommande aussi, plus concrètement, de recourir au péage pour tarifer la congestion, d'imposer un contrôle des émissions polluantes des véhicules, de moduler les coûts d'immatriculation des automobiles en fonction de leur consommation de carburants, ou d'imposer un contenu minimum de 5% d'éthanol dans les ventes d'essence.

En rappelant que le Québec s'est déjà engagé à réduire ses émissions de GES de 20% d'ici 2020, de 37,5% en 2030, et de 80 à 95% pour 2050, le directeur principal du groupe Équiterre, Steven Guilbeault, a estimé hier que «les politiques actuelles ne suffiront pas à atteindre ces objectifs. On doit faire plus vite, et on doit faire mieux».

Cancre

Le domaine des transports est le cancre de la lutte contre les changements climatiques au Québec. En plus d'être de loin le plus important émetteur de gaz à effet de serre (GES) de la province, il est aussi le secteur qui a enregistré la plus forte augmentation de ses émissions depuis 1990.

Selon le plus récent inventaire québécois des émissions de GES, publié à l'automne 2015, le Québec a globalement réduit ses émissions de 8% entre 1990 et 2012. Cette baisse globale des émissions est principalement attribuable aux gains enregistrés dans le secteur industriel (- 21%), celui du chauffage résidentiel et commercial (- 31%) et celui des déchets (- 41%).

Durant la même période, les émissions de GES provenant du secteur des transports ont augmenté de 26%. Elles représentaient, en 2012, près de 45 % de toutes les émissions de GES du Québec.

Il y avait plus de 5 millions de voitures de tourisme et camions légers immatriculés, et environ 136 000 véhicules de plus de 4500 kilos en circulation sur les routes du Québec, en 2014. Le secteur des transports, qui inclut aussi les avions, les bateaux, les trains et tous les autres modes de transport motorisés, engloutit à lui seul près de 80% de tous les produits pétroliers consommés dans la province. L'utilisation des combustibles fossiles est une des principales sources des gaz à effet de serre, responsables des changements climatiques.

Les 13 «leviers» proposés par Switch

1. Consolider et densifier les milieux déjà urbanisés en priorisant le développement près des corridors de transports en commun.

2. Établir les activités économiques (services publics, immeubles de bureaux) dans des secteurs déjà desservis par les réseaux de transports collectifs.

3. « Internaliser » les coûts du développement urbain pour que la taxation tienne compte des coûts réels d'un projet de développement (entretien des infrastructures, environnement).

4. Augmenter les services des réseaux de transports en commun, en décrétant notamment une nouvelle politique quinquennale de développement.

5. Bonifier l'offre de transports collectifs dans les régions.

6. Développer les services de transport actif, en bonifiant notamment le financement de la Route verte et le déploiement des vélos en libre-service (exemple : BIXI).

7. Implanter des mesures de péage pour tarifer la congestion routière et inciter plus d'automobilistes à choisir les transports en commun.

8. Faciliter le développement des services de partage de véhicules, des taxis et du covoiturage et favoriser leur accès sur des voies réservées aux transports en commun.

9. Réduire les émissions des véhicules, notamment en modulant les coûts d'immatriculation en fonction de la consommation d'essence, pour inciter le consommateur à opter pour des modèles moins énergivores.

10. Favoriser l'utilisation de carburants à plus faibles émissions, notamment en adoptant une norme pour le contenu minimal de 5 % d'éthanol dans les ventes d'essence.

11. Favoriser l'utilisation de matériaux plus légers, comme l'aluminium, dans la fabrication de véhicules acquis lors d'appels d'offres publics.

12. Améliorer la logistique et l'efficacité énergétique dans le transport des marchandises. Les camions produisent le tiers des émissions de GES liées aux transports, même s'ils comptent pour seulement 4 % des véhicules en circulation.

13. Intensifier les efforts d'électrification des transports.