Arnold Schwarzenegger a invité, mardi, à Paris, les premiers ministres Philippe Couillard, Kathleen Wynne et Greg Selinger à «aller de l'avant comme un Terminator» dans la lutte aux changements climatiques.

Les premiers ministres du Québec, de l'Ontario et du Manitoba étaient aux premières loges pour écouter l'ancien gouverneur de la Californie devenu grand défenseur de l'environnement à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la COP21.

La star du cinéma a livré un discours énergique peu après une table ronde à laquelle participaient les dirigeants des trois provinces, au Bourget, le lieu de ce grand sommet international. M. Couillard a trouvé qu'il y était allé «fort», mais en même temps, le premier ministre a dit penser aux générations futures auxquelles il pourra répondre qu'il «a agi».

M. Schwarzenegger devait arriver au moment où la table ronde se terminait, mais il s'est pointé avec un peu de retard et les trois premiers ministres ont pris place au premier rang, pour l'écouter.

À l'arrivée du colosse qui dirige maintenant une fondation, l'excitation était à son comble dans la salle d'environ 300 personnes et plusieurs se sont levés pour le prendre en photo.

M. Schwarzenegger a justement fait valoir le rôle important des États fédérés, des provinces et des villes dans la lutte aux changements climatiques, un discours qui a dû plaire à M. Couillard, Mme Wynne et M. Selinger, qui font la promotion de leurs provinces comme des leaders en matière environnementale.

Quand à titre de gouverneur de la Californie il a voulu mettre en place des lois pour réduire la pollution des gaz d'échappement, on a voulu l'en dissuader, mais à tort, a-t-il donné comme exemple.

«Des experts nous ont dit que nous étions fous, que c'était le rôle du fédéral, de Washington, que ce n'était du ressort des États. On leur a dit: allez vous faire voir! J'ai vu les effets extraordinaires des changements climatiques. Un enfant sur sept a besoin d'un inhalateur maintenant dans la Vallée centrale (Californie). C'est un problème planétaire, mais ses symptômes sont locaux», a-t-il dit.

Il soutient que les États fédérés disposent de pouvoirs «immenses» et peuvent servir de pionniers pour le reste du monde. Les villes, les États fédérés et les provinces peuvent contrôler à eux seuls 70 pour cent des émissions de gaz à effet de serre (GES), a indiqué M. Schwarzenegger.

L'ancien gouverneur assure qu'il a aussi fait mentir ses détracteurs, qui prédisaient la chute de l'économie californienne avec l'adoption de mesures environnementales plus sévères.

«Nous sommes en tête du peloton au pays dans le domaine manufacturier, les hautes technologies, les biotechnologies, les technologies vertes, l'agriculture, même si nous sommes passé au vert, et même si tout le monde prédisait il y a cinq ou 10 ans que notre économie allait passer à la casse. Nous surclassons l'économie américaine», a-t-il dit.

À la fin de son discours d'une douzaine de minutes, celui qui a personnifié «Terminator» au cinéma a exhorté les participants à agir, en favorisant les mouvements de base et les gestes individuels «du monde ordinaire».

«C'est à notre tour, c'est le moment de prendre le relais du flambeau des énergies propres, dans les villes, les États et les provinces, et aller de l'avant comme un Terminator», a-t-il lancé.

En point de presse en fin de journée à Paris, Philippe Couillard a affirmé avoir particulièrement apprécié l'accent que M. Schwarzenegger a mis sur le rôle important des États et provinces.

«Il était assez énergique, a reconnu le premier ministre. Il était très fort là-dessus (le rôle des États fédérés), de façon colorée.»

Sur l'exhortation lancée à lutter comme un Terminator contre les perturbations climatiques, M. Couillard n'a pas voulu reprendre l'expression, mais a répondu qu'on «avance de façon déterminée».

Selon lui, la cause est importante, et le jour où les générations qui suivent lui demanderont des comptes, il aura l'intention de répondre qu'«on aura agi».

À l'époque où il était gouverneur, M. Schwarzenegger avait noué des liens avec l'ancien premier ministre Jean Charest, qui ont mené à la mise en place de la première bourse du carbone nord-américaine, entre le Québec et la Californie. L'Ontario et le Manitoba se sont par la suite ajoutées.

Présent à la COP21, le chef caquiste François Legault a également assisté au discours, mais fait une lecture tout à fait opposée à celle de M. Schwarzenegger.

Les entreprises québécoises risquent d'être moins concurrentielles avec la bourse du carbone, en raison de l'isolement du Québec, de la Californie, et leurs deux autres partenaires provinciaux, qui sont les seuls à voir choisi ce mode de tarification du carbone.

«Il ne faut pas être naïf. (...) C'est bien beau, la Californie, l'ancien gouverneur qui vient prêcher pour la bourse du carbone, mais il est tout seul, les 59 autres États (fédérés en Amérique du Nord) n'ont pas embarqué dans la bourse du carbone», a dit M. Legault.