Un millier de maires et d'élus locaux du monde entier - dont le maire de Montréal Denis Coderre - réunis vendredi à Paris se sont déclarés prêts, dans une déclaration commune, à oeuvrer pour un objectif de 100 % d'énergies renouvelables dans leurs villes d'ici à 2050.

Réunis en «Sommet des maires» à l'initiative de la mairesse de Paris Anne Hidalgo et de Michael Bloomberg, ex-maire de New York et envoyé spécial des Nations unies pour le climat, ils ont solennellement averti que le «changement climatique était un défi commun».

«Continuer sur la même trajectoire d'émissions de gaz à effet de serre aura des conséquences désastreuses pour nos enfants, pour l'environnement et pour la biodiversité. Agir pour le climat est la seule voie possible», indique la déclaration commune de villes telles que Montréal, Toronto, Vancouver, Londres, Madrid, Sydney, Rio de Janeiro, Bamako, Accra, Séoul, Bruxelles, Milan, Stockholm ou Chicago.

Les élus, représentant 600 millions de personnes, ont voté le soutien à «des objectifs ambitieux (...) tels que la transition vers une énergie 100 % renouvelable sur nos territoires» et une «réduction de 80 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050».

Ils se sont également déclarés prêts à réduire de 3,7 gigatonnes d'équivalent CO2, les émissions annuelles de gaz à effet de serre dans les zones urbaines d'ici à 2030.

Cela reviendrait à prendre à leur charge, selon le texte, «30 % de la différence prévue entre les engagements nationaux actuels» et les niveaux d'émissions recommandés par les scientifiques pour ne pas dépasser l'objectif d'un réchauffement de la planète à 2 degrés Celsius.

Les villes «abritent la moitié de la population mondiale et génèrent les deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les élus locaux et régionaux ont un rôle essentiel à jouer pour garantir un avenir sobre en carbone», ajoute encore le texte que les élus, qui veulent ainsi «faire entendre leur voix», présenteront aux négociateurs samedi au Bourget où se tient la conférence internationale sur le climat.

Le temps des compromis

Au même moment, au Bourget, les délégués de 195 pays reprenaient leurs travaux, l'oeil sur l'horloge, au terme d'une première semaine de négociations souvent difficile.

«Le temps des compromis est venu (...) je vous exhorte à donner le meilleur de vous-mêmes dans les prochaines 24 heures (...) et à prendre les bonnes décisions à votre niveau», leur a lancé Ahmed Djoghlaf, l'un des deux coprésidents des débats.

À partir de lundi, les négociations se feront entre ministres.

«Il faut maintenant que les négociateurs et les ministres soient à la hauteur des impulsions des chefs d'État et de gouvernement. Pour le moment, le compte n'y est pas», a lancé vendredi le ministre français Laurent Fabius, président de la COP21.

Les principaux points de blocage concernent le financement de l'aide climatique aux pays du Sud, et la répartition des efforts entre pays développés et en développement, une division entérinée par la Convention climat de l'ONU de 1992.

Les pays les plus vulnérables exigent des pays industrialisés des garanties sur les financements déjà promis jusqu'en 2020 (ils devront augmenter pour atteindre 100 milliards de dollars cette année-là) et sur une montée en puissance pour après 2020, date d'entrée en vigueur du futur accord de Paris.

Les pays développés souhaitent que les États émergents «en position de le faire» participent désormais à cette aide financière.

Problème : aucune avancée majeure ne semble avoir eu lieu ces derniers jours sur ces positions connues de longue date.

En ouvrant le sommet des maires, François Hollande a estimé que le futur accord devrait spécifier les «moyens» financiers permettant «la redistribution, la lutte contre les inégalités, la lutte contre la pauvreté».

Le peu d'avancées enregistrées cette semaine contraste avec les discours de 150 chefs d'État lundi lors du coup d'envoi.

Pour éviter un blocage, les médiateurs des groupes de travail ont remis vendredi un document offrant des propositions de compromis sur tous les sujets.

Inondations accrues, érosion des côtes, fonte des glaciers, sécheresse... les scientifiques mettent en garde contre les impacts dévastateurs et irréversibles d'un réchauffement supérieur à + 2 °C par rapport à la Révolution industrielle. À ce stade, les engagements des États placent le monde sur une trajectoire de +3 °C.