Le chef du NPD, Thomas Mulcair, estime que les cibles du gouvernement Trudeau en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont loin d'être ambitieuses à quelques jours du début de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris.

Elles sont d'autant moins ambitieuses qu'elles sont les mêmes que s'étaient fixées les conservateurs de Stephen Harper lorsqu'ils étaient au pouvoir, a fait valoir M. Mulcair, qui a accepté l'invitation du premier ministre Justin Trudeau de faire partie de la délégation canadienne à Paris.

Les conservateurs avaient établi comme cibles de réduire les émissions de GES de 30% par rapport au niveau de 2005 d'ici 2030. En campagne électorale, le NPD avait fixé la barre plus haute en promettant de réduire les émissions de GES de 34% par rapport au niveau de 1990 durant la même période.

« Les Canadiens qui ont voté pour du changement sont déçus de constater que le premier ministre Trudeau s'en va à Paris avec les mêmes cibles que l'ex-premier ministre Harper. Ce sont les mêmes cibles. L'heure est grave. 2015 va avoir été l'année la plus chaude de l'histoire. Il faut agir maintenant. Ce n'est plus une question de théorie. Il faut avoir des cibles qui prévoient des réductions», a lancé M. Mulcair en conférence de presse vendredi matin.

Le chef du NPD n'a toutefois pas voulu dire quelles devraient être les cibles du Canada à l'aube de cette conférence sur les changements climatiques. Il a affirmé qu'il incombe au gouvernement libéral nouvellement élu de détailler un plan qui permettra de réduire, dès 2016 et durant les années subséquentes, les émissions de GES.

En campagne électorale, les libéraux de Justin Trudeau n'ont pas établi de cibles précises de réduction de GES. M. Trudeau a promis d'inviter ses homologues des provinces à l'accompagner à la conférence de Paris (l'invitation a depuis aussi été lancée aux partis de l'opposition) et de tenir une conférence des premiers ministres 90 jours après le rendez-vous de Paris « pour établir un cadre pancanadien de lutte contre les changements climatiques ».

M. Mulcair juge important d'inclure les provinces dans cette bataille contre les changements climatiques, mais il estime que le gouvernement Trudeau ne peut abdiquer ses responsabilités nationales.

« C'est le gouvernement du Canada qui signe cette entente à Paris. Les partenaires qui sont les provinces et territoires vont être mis à contribution. Mais la manière de l'atteindre globalement repose sur les épaules du gouvernement fédéral. On ne peut pas sous-contracter notre obligation d'atteindre les objectifs qui vont être fixés à Paris », a-t-il dit.

M. Mulcair a ainsi proposé un plan de match en trois volets :

D'abord, il faut qu'Ottawa établisse « des cibles ambitieuses de réduction des gaz à effet de serre » et rendre annuellement des comptes en produisant des rapports pour « assurer la transparence et l'atteinte de cibles enchâssées dans la loi ». Ensuite, il doit faire preuve de leadership sur la scène internationale en contribuant notamment au Fonds vert pour le climat, qui aide les pays en développement à s'adapter aux effets inévitables des changements climatiques.

Enfin, le gouvernement fédéral devrait, selon le NPD, renforcer le processus d'évaluation environnementale pour y inclure l'évaluation des impacts des changements climatiques de manière à éviter « que les nouveaux projets nous empêchent d'atteindre nos cibles de réduction de gaz à effet de serre ».

En marge du sommet du Commonwealth, à Malte, vendredi, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada consacrera « un montant historique de 2,65 milliards » au cours des cinq prochaines années afin d'aider les pays en développement à lutter contre les changements climatiques.  M. Mulcair a salué cette annonce.

Par ailleurs, le premier ministre Justin Trudeau a aussi invité des représentants du Bloc québécois à faire partie de la délégation canadienne. Ainsi, le chef intérimaire du Bloc, Rhéal Fortin, et la députée de Repentigny Monique Pauzé se rendront à Paris, a confirmé Julie Groleau, attachée de presse du parti.