À deux semaines d'une conférence de l'ONU sur le climat à Paris dont le succès reste incertain, la France a réclamé à ses partenaires du G20 plus d'ambition pour lutter contre le réchauffement climatique.

Alors que commencent à Antalya les discussions des chefs d'État et de gouvernement, le ministre français Affaires étrangères Laurent Fabius a réclamé vigoureusement une nouvelle rédaction des passages du communiqué final du sommet concernant le réchauffement climatique.

Les chefs d'État et de gouvernement présents dans la station balnéaire turque ont certes affirmé selon lui qu'ils voulaient être «physiquement présents» lors de la conférence à Paris, endeuillée par des attentats djihadistes sans précédent.

Toutefois le projet de communiqué rédigé par les diplomates en amont des réunions est «en retrait de ce qu'on devait espérer», a déploré le ministre lors d'un point presse.

«Il faut quelque chose de politiquement beaucoup plus fort», a réclamé le ministre français, indiquant que les travaux de réécriture allaient se poursuivre dans la nuit.

«C'est le seul point que nous avons renvoyé aux "sherpas"», ces diplomates qui pendant des semaines négocient mot à mot ce si sensible communiqué final, a dit pour sa part aux journalistes le ministre français des Finances Michel Sapin, critiquant le «niveau de très grande généralité» du projet de texte soumis aux dirigeants.

MM. Fabius et Sapin représentent la France lors des deux jours de réunion dans la station balnéaire turque, le président français François Hollande étant resté à Paris.

«Il faut encore travailler»

La chancelière Angela Merkel a soutenu la demande française: «Nous voulons un succès à Paris» mais «il faudra encore travailler cette nuit sur le communiqué pour vraiment concrétiser cette ambition», a-t-elle déclaré à la presse.

L'enjeu est particulièrement important pour la France, qui doit accueillir 195 pays à Paris, du 30 novembre au 11 décembre.

L'objectif de ces discussions est de trouver un accord mondial limitant le réchauffement climatique, et de faire oublier le fiasco de la conférence de Copenhague en 2009.

Il faudra pour cela régler encore un grand nombre de questions, notamment celle de la forme juridique de l'accord et des mécanismes de contrôle.

Une autre question clé des négociations est la répartition des efforts financiers à consentir par les pays riches, responsables historiques du réchauffement, et par les pays en développement, pour la première fois signataires du futur accord et dont les plus puissants sont représentés au G20.

Les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont assuré, dans un communiqué conjoint diffusé à l'occasion du G20, qu'ils espéraient un «succès» à Paris.

Mais ils ont rappelé que tout accord devait tenir compte de «responsabilités communes mais différenciées», ainsi que des «capacités de chacun, à la lumière des diverses situations nationales».

«Vieille promesse»

L'ONG OXFAM, qui a eu accès à des versions provisoires du communiqué du G20, a estimé que ces brouillons «ne faisaient pas avancer les choses» en terme de lutte contre le réchauffement, par exemple sur le soutien financier à long terme de la transition énergétique dans les pays en voie de développement.

Autre regret d'OXFAM: que les pays du G20 se contentent de «répéter une vieille promesse», celle de réduire progressivement les subventions à l'énergie fossile, faite pour la première fois il y a six ans, sans grand résultat depuis.

Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, a également plaidé dimanche pour une fin progressive de ces subventions à la production d'énergies fossiles, auxquelles les pays du G20 consacrent plus de 450 milliards de dollars par an selon le récent décompte de deux ONG.

«Le G20 a l'occasion de donner un réel élan aux négociations sur le climat mais ne semble pas l'avoir saisie jusqu'ici», regrettait Kiri Hanks, spécialiste des questions de climat d'OXFAM.