Le réchauffement planétaire est un sérieux sujet d'inquiétude pour une majorité du public dans le monde, qui est en faveur de mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, selon une enquête effectuée dans 40 pays.

Les résultats de ce sondage effectué par un institut américain indépendant auprès de 45 435 participants du 25 mars au 27 mai dernier ont été publiés jeudi à moins d'un mois de la conférence de l'ONU sur le climat à Paris (COP21).

Alors que les dirigeants de la plupart des nations du monde se préparent à négocier un accord pour lutter contre le réchauffement en limitant la hausse des températures du globe à 2% C d'ici la fin du siècle, cette enquête du Pew Research Center montre un consensus international sur le fait que le changement climatique représente un très sérieux défi, une opinion partagée par 54% des personnes interrogées dans ces 40 nations.

Une large majorité (78%) est également en faveur de mesures dans leur pays pour limiter les émissions de gaz à effet de serre dans le cadre d'un accord international négocié à la conférence de Paris, qui se déroule du 30 novembre au 11 décembre.

Paradoxalement, le public aux États-Unis et en Chine, les deux principaux émetteurs mondiaux de dioxyde de carbone (CO2), se sont déclarés les moins préoccupés du réchauffement et de ses conséquences même s'ils ont été une majorité à se dire en faveur d'actions pour limiter les émissions de CO2.

Ainsi, 45% des Américains et seulement 18% des Chinois ont jugé ce problème très sérieux.

«Le consensus mondial indique que le changement climatique est un problème sérieux, pas une menace lointaine», résume Richard Wike, directeur de recherche au Pew Center.

«En fait, la majorité (51%) dans la plupart des pays où ce sondage a été effectué dit que le changement climatique a déjà des effets néfastes sur la vie quotidienne, tandis que 28% anticipent un tel scénario dans un proche avenir», ajoute-t-il dans un communiqué.

La sécheresse redoutée

Mais «ce large consensus mondial dans de nombreux pays sur les dangers du réchauffement masque des différences politiques significatives», souligne Bruce Stokes, Directeur de recherche au Pew Center sur les attitudes en matière économique.

«Les opinions sur le changement climatique tendent à correspondre aux convictions politiques dans de nombreux pays riches comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Australie», explique-t-il.

Ainsi en Amérique, 68% des démocrates sont enclins à penser que le réchauffement est un problème grave, contre seulement 20% des républicains. De même, 82% des démocrates sont en faveur d'une réduction des émissions de CO2 pour combattre le réchauffement, contre 50% chez les républicains.

Parmi les conséquences désastreuses potentielles du réchauffement, la sécheresse paraît être la plus redoutée, ayant été la plus souvent citée par les personnes interrogées dans 31 pays, y compris aux États-Unis où 50% ont dit redouter le plus ce phénomène.

La peur de la sécheresse résultant du changement climatique est particulièrement forte en Amérique latine et en Afrique, où 59% des personnes interrogées ont dit qu'il s'agissait de leur principale crainte.

Cette enquête montre également que dans ces 40 pays, 67% des personnes interrogées (66% aux États-Unis) estiment qu'il faudra profondément changer sa façon de vivre pour lutter contre le changement climatique, tandis que 22% pensent que la science et la technologie permettront de corriger les dérèglements climatiques.

Enfin, dans un grand nombre de ces 40 pays, 54% des personnes interrogées estiment que «les nations riches comme les États-Unis, le Japon et l'Allemagne, devraient faire davantage d'efforts que les pays en développement pour lutter contre le réchauffement, car ils sont responsables de la plus grande partie des émissions de gaz à effet de serre».