Le monde fournit des efforts sans précédent pour lutter contre le réchauffement de la planète, mais il faudra des politiques encore plus volontaristes dans les prochaines années pour espérer limiter la hausse du mercure à 2 °C, a averti vendredi l'ONU.

«Un effort mondial sans précédent est en cours» et permet d'envisager de pouvoir rester sous les 2 °C, estime un rapport publié à Berlin, passant en revue les objectifs de réduction des gaz à effet de serre annoncés par 146 pays au 1er octobre (86 % des émissions mondiales).

Mais les Nations unies préviennent que «des réductions d'émissions de gaz à effet de serre beaucoup plus importantes» seront nécessaires dans les prochaines années pour rester sous cette limite, au-delà de laquelle les scientifiques redoutent un emballement du système climatique.

Au cours des derniers mois, les 195 pays participant aux négociations sur le climat ont dû plancher sur leurs besoins énergétiques à l'horizon 2025 ou 2030 et formuler des objectifs pour y répondre, tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre. 

Le verdict de l'ONU tombe un mois avant le coup d'envoi de la COP21, la conférence mondiale sur le climat à Paris (30 novembre-11 décembre) où le premier accord engageant l'ensemble des pays dans la lutte contre le réchauffement est espéré.

«Ce rapport montre que les contributions nationales permettent de changer la donne et nous éloignent du pire, c'est-à-dire d'un réchauffement à 4-5°C ou plus», a commenté Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères français, futur président de la COP21.

Le ministre rappelle que, selon les experts, les engagements actuels «nous placent sur une trajectoire entre 2,7° et 3 °C».

«Ce n'est en aucun cas suffisant», car encore synonyme de dérèglements climatiques majeurs, «mais cela est beaucoup plus bas que les 4 ou 5 degrés ou plus de réchauffement projetés par beaucoup avant les engagements», a déclaré Christina Figueres, la secrétaire générale de la Convention climat de l'ONU.

«Le chemin qui est fait est loin d'être négligeable», a estimé le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). «Les engagements, même s'ils sont insuffisants pour respecter à long terme une limitation du réchauffement à 2 °C, sont très significatifs», a-t-il ajouté.