Si l'humanité ne parvient pas à juguler l'augmentation des gaz à effet de serre (GES) qu'elle émet, le niveau de la mer pourrait augmenter de trois mètres d'ici à 2300, selon une nouvelle étude.

«Nous avons voulu appliquer les derniers modèles de l'Antarctique aux quatre scénarios d'émissions de GES au XXIe siècle», explique l'auteur principal de l'étude parue dans la revue Nature, Nicholas Golledge, de l'Université de Wellington. Ces quatre scénarios sont préparés par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) de l'ONU.

Modèle «dynamique»

Le climatologue néo-zélandais a appliqué deux modèles aux scénarios du GIEC: l'un est plus traditionnel, alors que l'autre, appelé «dynamique», se fonde sur des recherches ayant démontré, depuis les années 60, que les grands glaciers de l'intérieur de l'Antarctique s'appuient sur les calottes arrimées sur les côtes du continent.

«Quand les calottes disparaissent, les glaciers glissent inexorablement vers l'océan pour y fondre, explique M. Golledge. Nous pensons que ce modèle est plus proche de la réalité, mais il nous manque des données pour le prouver. S'il est exact, cela signifie que même si les émissions de GES diminuent et que la température de l'atmosphère et de l'océan cesse d'augmenter, les glaciers vont continuer à fondre pendant plusieurs siècles, voire des millénaires.»

En d'autres mots, les prédictions du modèle dynamique, beaucoup plus élevées que celles du modèle traditionnel, sont probablement les plus fiables. Pour les prévisions les plus alarmistes du GIEC, selon lesquelles les émissions de GES continuent à augmenter pendant tout le XXIe siècle, le modèle dynamique prévoit une augmentation de 39 cm en 2100 et de 2,96 m en 2300, uniquement pour la fonte des glaces antarctiques.

Dans un commentaire publié hier en même temps que l'étude dans Nature, un climatologue de Caltech, Alexander Robel, affirme que le modèle dynamique sous-estime probablement la vitesse de la fonte des glaces antarctiques, parce que ce modèle ne tient pas compte de la création de lacs sur les calottes côtières, qui accéléreraient leur dislocation.

Les autres prévisions du GIEC s'appuient sur un pic d'émissions de GES avant 2020, avant 2040 et avant 2080. Selon les calculs de M. Golledge, si les émissions cessent d'augmenter avant 2080, la fonte des glaces antarctiques fera grimper le niveau de la mer d'entre 1 et 18 cm en 2100, et d'entre 90 et 136 cm en 2300. Il a également fait des prédictions pour l'an 5000.