Les incendies de forêt très étendus devraient devenir de plus en plus fréquents avec le réchauffement climatique, selon l'étude parue lundi de chercheurs qui en ont analysé la fréquence sur les deux derniers millénaires dans les montagnes rocheuses.

«Notre recherche montre que même un réchauffement régional modeste comme celui que nous connaissons actuellement dans l'ouest américain peut provoquer des incendies de forêt d'une étendue exceptionnelle dans les montagnes rocheuses», explique John Calder, un chercheur du département de géologie et de géophysique de l'université du Wyoming. Il est le principal auteur de l'étude parue dans les Comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).

En examinant la fréquence des incendies de très grande ampleur, les scientifiques ont constaté que la seule période pendant laquelle les incendies étaient nettement plus étendus, outre la fin du 20e et le début du 21e siècle, a été durant les trois siècles de réchauffement au Moyen-Age en Amérique du Nord, appelé le «Medieval Warm Period» ou MWP.

«Cela suggère que des incendies de forêt de grande ampleur comme ceux que nous voyons depuis une vingtaine d'années ont été très peu fréquents» pendant deux mille ans, souligne John Calder.

Ces chercheurs estiment que 83% des 997 km2 de forêts examinés dans le nord du Colorado ont brûlé au début de cette période de réchauffement médiéval quand la température a grimpé de 0,5 degré Celsius en moyenne.

En comparaison, la température a été d'environ 0,69 degré Celsius plus élevée depuis 2000 dans la région des Rocheuses que sur l'ensemble du 20e siècle.

«Ce réchauffement a correspondu à des incendies qui ont ravagé 12% de la zone de notre étude lors du grand incendie de la région du mont Zirkel en 2002», précise John Calder.

«Durant le réchauffement médiéval», ajoute-t-il, «les incendies de forêt étaient soient plus étendus ou similaires en ampleur à ceux qui dévastaient cette région tous le dix ou vingt ans quand le climat se réchauffait de 0,5 degré Celsius».

«Cette forte augmentation du nombre de sites détruits par les flammes (...) met en évidence le risque que d'importantes parties de ces espaces sauvages brûlent avec la poursuite du réchauffement climatique actuel», soulignent ces chercheurs.

Depuis le début des années 1980 et plus particulièrement depuis les grands incendies dans le parc national de Yellowstone en 1988, on constate une augmentation de la fréquence de grands incendies de forêt dans l'ouest américain qui coïncide avec le réchauffement climatique.