Le ministre australien Peter Dutton a présenté dimanche ses excuses après une plaisanterie sur la montée des eaux qui menace les États insulaires du Pacifique, qui avait été enregistrée par un micro errant et avait fait bondir l'opposition.

«J'aurais dû me rendre compte qu'il y avait un micro, mais ce n'a pas été le cas», a déclaré à Sky News M. Dutton, titulaire du portefeuille de l'Immigration.

«Mais j'ai fait une erreur. Je présente mes excuses à tous ceux qui ont pu se sentir offensés. C'était une discussion enjouée avec le premier ministre et je ne souhaitais blesser personne.»

Alors qu'une réunion prévue sur les réfugiés prenait du retard, Peter Dutton discutait vendredi avec Tony Abbott, le chef du gouvernement conservateur australien, qui revenait tout juste du Forum des îles du Pacifique (FIP) organisé à Port Moresby et consacré en bonne partie au changement climatique.

Cet événement se déroule «à l'heure de Cape York», a dit M. Dutton en référence à une région aborigène du nord-est de l'Australie, remarque dénoncée par le Sydney Morning Herald comme résultant d'une «vision stéréotypée» de «l'approche fluide» du temps par cette minorité.

Ce à quoi le premier ministre a répondu: «On a eu un peu de ça à Port Moresby». «Le temps ne veut rien dire quand l'eau va arriver à votre porte», a lancé alors Peter Dutton, le sourire aux lèvres.

Sur les images tournées par les télévisions invitées à couvrir le début de la rencontre, on voit le premier ministre émettre un rire gêné tandis que le ministre des Affaires sociales Scott Morrison les prévient qu'un micro enregistre la scène.

Lors de la réunion des 16 pays membres du FIP, les petits États insulaires n'ont pas réussi à convaincre l'Australie et la Nouvelle-Zélande d'adopter un objectif plus ambitieux pour limiter la hausse des températures que l'objectif existant de 2 degrés Celsius par rapport au niveau d'avant l'ère industrielle

Le premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Peter O'Neill, a jugé dimanche «malheureux» les propos de M. Dutton.

«La montée des eaux est un sujet grave qui touche des milliers de personnes dans le Pacifique», a-t-il dit dans un communiqué. «Les habitants du Pacifique ne sont pas responsables du réchauffement climatique, mais ils en souffrent.»

Le leader de l'opposition travailliste australienne Bill Shorten s'était fait l'écho de récents propos du président américain Barack Obama, disant «qu'un leader qui considère le changement climatique comme une plaisanterie n'est pas digne d'être un leader».

«C'est une blague de très mauvais goût de la part d'un ministre qui est lui-même une blague de mauvais goût», avait dit M. Shorten.