Le sommet des premiers ministres provinciaux sur les changements climatiques, qui aura lieu à Québec la semaine prochaine, se déroulera sans le dirigeant de la plus grande émettrice de carbone au Canada. En campagne électorale, le premier ministre sortant de l'Alberta, Jim Prentice, ne pourra participer à la conférence.

M. Prentice a appelé les Albertains aux urnes au début de la semaine. Il ne pourra donc pas être présent à la conférence de Québec, bien qu'il soit favorable à la tenue d'un dialogue entre provinces sur les changements climatiques, a confirmé son bureau hier.

L'Alberta enverra deux émissaires pour observer les travaux, a-t-on précisé au bureau de M. Prentice. Ils ne pourront contracter des engagements au nom de la province, mais ils feront rapport sur l'avancement des pourparlers à leur retour à Edmonton.

Au bureau du premier ministre Philippe Couillard, on souligne que le sommet de Québec réunira malgré tout la «vaste majorité» des leaders provinciaux et territoriaux.

«Nous aurions bien sûr souhaité que M. Prentice soit présent, d'ailleurs c'était clairement son intention», a déclaré le porte-parole du premier ministre, Harold Fortin.

Mais le succès du sommet n'est pas compromis pour autant, a-t-il assuré.

«Contrairement à nos prédécesseurs, nous avons bâti des alliances avec nos partenaires des provinces et des territoires, les États américains ainsi qu'à l'international, a dit M. Fortin. Le Sommet de Québec est une étape importante que nous franchissons vers la 21e conférence sur le climat à Paris, en décembre. Nos échanges sont fréquents sur divers sujets, dont celui des changements climatiques. Ils se poursuivront avant, pendant et après le Sommet de Québec.»

Émetteur majeur

Faute de représentant d'Edmonton, la province qui émet le plus de GES au Canada sera absente des discussions à Québec. En 2012, l'Alberta était à elle seule responsable de 36% des émissions de GES du Canada.

Cette proportion est appelée à croître avec le développement de l'industrie des sables bitumineux, dont les émissions ne font l'objet d'aucune réglementation fédérale. Selon un rapport diffusé hier par Greenpeace et Environmental Defence, la croissance anticipée de cette industrie annulerait les efforts déployés par les autres provinces pour réduire leurs émissions.

Absence bénéfique?

La plupart des observateurs contactés hier croient néanmoins que l'absence de M. Prentice pourrait faciliter les échanges plutôt que de leur nuire.

«On sait que l'Alberta ne veut pas être sérieuse actuellement dans la lutte contre les changements climatiques, a indiqué le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin. Le Québec et l'Ontario doivent aller de l'avant. Et lorsque l'Alberta va sortir de ses élections, la pression politique sera plus grande si les autres provinces ont prouvé leur volonté d'aller de l'avant.»

«Dans un monde idéal, l'Alberta serait à la table et discuterait avec les autres provinces, a renchéri Annie Chaloux, chargée de cours à l'Université de Sherbrooke et spécialiste des questions environnementales. Par contre, si on attendait après tous les récalcitrants avant qu'il se passe quelque chose, rien n'avancerait sur la question du climat.»