Ban Ki-moon est venu mardi à Lima pour donner un nouvel élan aux négociations en vue d'un accord pour limiter le réchauffement, dépourvues à ce stade d'une vision partagée par les 195 pays autour de la table.

Le secrétaire général de l'ONU a appelé à ne plus perdre de temps: «Il y a encore une chance de rester sous le seuil des 2 °C (...), mais la possibilité d'agir se réduit».

«Je suis très préoccupé par le fait que notre action collective n'est pas à la hauteur de nos responsabilités à tous», a poursuivi le haut responsable, alors que le niveau des émissions de gaz à effet de serre continue chaque année de croître.

La communauté internationale s'est donnée comme objectif de limiter à 2 °C le réchauffement de la planète par rapport à l'ère pré-industrielle, un seuil au-delà duquel la science estime que les impacts seraient très graves et irréversibles et mettraient en danger de nombreuses populations.

La 20e conférence de l'ONU sur le climat, organisée cette année dans la capitale péruvienne, doit permettre de poser les fondations d'un accord multilatéral suffisamment ambitieux fin 2015 à Paris.

Le président bolivien Evo Morales, ainsi que de nombreux ministres, ont également rejoint mardi la COP 20 (20e conférence des parties).

Mais il ne reste plus que quatre jours pour que Lima soit un vrai pas en avant, alors que la première semaine, si elle a été épargnée par des blocages, n'a pas permis de combler le fossé entre pays développés, en voie de développement et émergents.

«Nous devons ici à Lima parvenir à (...) un projet de texte bien structuré et cohérent en vue de l'accord de 2015», a souhaité le secrétaire général de l'ONU, qui avait organisé fin septembre à New York un sommet des chefs d'État consacré au climat.

«Le sentiment d'urgence fait défaut, les questions fondamentales en jeu font retomber les parties dans leurs positions habituelles», a averti lundi Miguel Arias Cañete, le commissaire européen chargé du climat, en appelant les pays à «redoubler d'efforts» pour «s'écouter» et non «se donner des leçons».

«Consolider les financements climat»

Plusieurs sujets-clés divisent profondément les pays, à l'instar du contenu possible des engagements («contributions nationales») que chaque pays doit annoncer avant juin 2015 et leur évaluation globale par rapport à l'objectif de 2 °C.

Une décision à ce sujet doit être adoptée d'ici la fin de la semaine par tous les pays, le consensus étant la règle. La question de la période d'engagement - jusqu'en 2025 ou en 2030 - doit par exemple être tranchée.

Les pays en voie de développement insistent aussi pour que soient inclus dans leurs «contributions nationales» leurs actions d'adaptation et les moyens, notamment financiers, que les pays riches pourraient mobiliser pour les aider à prévenir certains impacts du changement climatique.

Mais les pays développés n'y sont pas favorables. «Nous pensons que les contributions nationales doivent se limiter aux efforts de réduction des émissions» de gaz à effet de serre, a ainsi affirmé Miguel Arias Cañete.

L'épineuse question de la «différentiation» entre les pays a également ressurgi, le Nord ayant une responsabilité historique dans le réchauffement, mais les pays émergents comme la Chine et l'Inde sont désormais respectivement le 1er et 4e émetteur de gaz à effet de serre.

«Le monde de 2015 n'est pas le monde de 1992», date de signature de la convention de l'ONU sur le climat qui avait entériné deux catégories de pays, les développés et ceux en voie de développement, a fait valoir le commissaire européen.

Enfin, la question de l'aide financière des pays industrialisés aux pays les plus vulnérables est au centre des discussions, que ce soit d'ici 2020 ou après, date d'entrée en vigueur du futur accord.

«Nous devons faire des progrès (...) pour consolider le système des financements climat», a plaidé Ban Ki-moon.

Les pays du Sud réclament une visibilité sur les 100 milliards de dollars d'aide annuelle en 2020, promis en 2009 à Copenhague et qui ont du mal à se concrétiser.